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Introduction
Tout le monde sait ce que c'est ? Bon. Je passe alors la définition.
Dans un premier temps, je crois qu'il est nécessaire de faire une petite mise au point. Ce que je vais relater, ce n'est pas ma pensée, ce n'est pas mon école, ce n'est pas ma vérité. Ce n'est pas parce que je vais vous dire de ne pas faire cela, que je ne l'ai pas fait moi-même. Nous pêchons tous parfois, si le sentiment est trop fort pour être écrit autrement qu'on le pense. La difficulté de la rime est dans cette simple phrase : si l'on veut faire trop bien, on fait mal. On veut employer d'abord un mot à la fin d'un vers, qui nous semble important par ce qu'il représente, mais dès qu'on arrive au vers suivant, on cherche dans sa tête ou dans le dictionnaire des rimes celui qui sonnera parfaitement avec le premier. Et là, catastrophe ! l'idée principale est cassée ! la rime est "forcée" !
Sur les forums de poésie, combien de fois j'ai vu cette erreur ! Certains à qui j'ai fait la remarque s'en souviendront… Ensuite, il y a "rimer" et "rimailler". " Rimer " intelligemment, c'est s'offrir le temps de trouver l'image, la métaphore idéale pour renforcer le sentiment ou la pensée évoquée. "Rimailler", c'est tomber dans la facilité, celle de dire qu'Amour va bien avec Toujours, qu'un adverbe va bien avec un adverbe (en "ment" plus particulièrement), et j'en oublie bien d'autres… Moi le premier suis tombé dans ces pièges grossiers. La première démarche, c'est de faire le distinguo entre les rimes masculines des rimes féminines. La règle est simple : une rime masculine est systématiquement un mot dont la lettre finale n'est pas un "e" muet. A contrario, la rime féminine est définie par un mot dont la syllabe comprend un "e" muet. Des mots tels que "vie", "noie", "envie" sont pour le poète classique féminines. Ce n'est donc pas l'article qui classe la rime, cela n'a rien à voir. Juste une question : pour vous, "la jument", est-ce une rime féminine ou une rime masculine ? "le poète", masculin ? féminin ? Le premier est masculin, et le deuxième féminin.
Nous verrons un peu plus loin l'importance de cette distinction, lors de l'étude de l'alternance des rimes. Ce qu'il faut dégager comme idée principale en ce qui concerne les rimes, c'est surtout le fait que ces dernières sont d'abord destinées à être écoutées plutôt qu'à être lues. Cette façon de faire permet d'éviter certains écueils, comme par exemple faire rimer des mots qui s'écrivent exactement pareil, mais qui se prononcent différemment (couvent : pluriel de couver, et le couvent, repaire de nonnes). Aussi, l'art de la rime étant fort complexe, cette étude se fera en deux parties. Les rimes riches et suffisantes, ainsi que les notions qui y sont rattachées, et les successions des rimes dans le corps du poème.