Imitant du serpent les convulsions étranges

Dansait la vierge en transe aux beaux yeux révulsés

Et ne sachant rasseoir ses esprits insensés,

Car son âme n'était que furieux mélanges.

 

Les Pythiaï* n’étaient plus des femmes mais des anges,

Spectres hallucinés aux gestes cadencés

Par les rythmes du sistre, êtres influencés

Par la vapeur malsaine élevée des sporanges.

 

Les prêtres d'Apollon munis de leur stylet

Notaient les vers sacrés sur l'argile ductile.

Des fidèles la foule au couchant s'étalait...

 

Mais sous l'illustre temple il n'était nul reptile

Exhalant les relents de sa putréfaction,

C'était l'émanation d’un mauvais champignon.

 

*Pythiae, nominatif pluriel en latin, se dit pythiaï, exactement comme son équivalent grec : πυθίαι.

Les transes de cette prêtresse antique bien transcrites par ta plume visionnaire !

Vers étranges et envoûtants à la fois.

Très belle musicalité des rimes.

En somme un très beau sonnet.

Un passage de la religion Grecque Antique dans lequel vous mettez à l'honneur la Pythie mais aussi les démons qui noircissaient les tableaux idylliques de l'époque.

Merci Sertorius @Sertorius pour cette nouvelle page de la mythologie Grecque.

 

Un sonnet didactique qui nous ramène à la réalité. Il y a tant à dire sur cet antre méphitique à vocation chtonienne et pourtant voué au clair Apollon. Lieu de l'omphalos, lieu de la genèse... La véritable étymologie de Delphes serait liée à l'idée de matrice.

Je n'ai pas bien compris, je n'y connais pas grand chose, mais c'est un beau sonnet.

Serpent Python, Pythie. Feuille de laurier, divination. Transe, danse.  Oracles incompréhensibles. Prêtres les interprétant.

Votre dernière strophe revisite le mythe  mais le résultat en est semblable. :

 

Petit clin d'oeil

Quelle atmosphère glauque à souhait ! Me voici dans l'adyton, assise au-dessus de la fosse ! 😉 

L'art du détail, @Sertorius. La scène se dessine sous votre plume.  Les transes existent encore aujourd'hui.

Oui, les champignons si tentateurs peuvent exhaler des odeurs méphitiques… Mais ne nous écartons pas de la mythologie. Un envoutant sonnet @Sertorius

Il a toujours fallu des mises en scène pour exploiter la crédulité humaine. Ce beau sonnet en est la description.

@Sertorius

 

Ah ! ces Grecs ! Et hop !

En effet, Thy Janin, l'omphalos c'est le nombril en grec.

Pour les Hellènes, Delphes était le centre de la Terre.

La Pythie se plaçait sur un trépied au-dessus d'une fosse.

L'émanation de champignons hallucinogènes remontait des cavités souterraines.

La Prêtresse entrait dans des transes que les prêtres interprétaient.

Ils inscrivaient sur leurs tablettes les oracles du dieu Apollon.

Les fidèles venaient de loin pour poser leur question.

Il fallait faire la queue et l'attente était longue.

Ils payaient pour obtenir une tablette qu'ils prenaient pour l'oracle du dieu.

Suivant la légende, les vapeurs qui remontaient étaient suscitées par la putréfaction du serpent Python (symboliquement le cordon ombilical de la Terre), vaincu par Apollon, armé de son arc de lumière.

 

Merci à tous pour vos commentaires 🙂

On en apprend tous les jours, sur Accents Poétiques !

Une évocation talentueuse et saisissante de la Pythie!

Le 21/09/2023 à 09:35, Sertorius a écrit :

Imitant du serpent les convulsions étranges

Dansait la vierge en transe aux beaux yeux révulsés

Et ne sachant rasseoir ses esprits insensés,

Car son âme n'était que furieux mélanges.

Très beau travail d'écriture avec cette première strophe notamment qui sur le thème du titre danse avec des mots choisis (convulsions / transe / yeux révulsés) et cette idée de la multiplication des esprits à partir d'un seul (esprits insensés / furieux mélanges), Le lecteur entre tout de go dans votre sujet et le premier vers ondule en allitérations en [s] et [z] rappelant le célèbre vers racinien. 🌟

Une solide culture que la vôtre au service d'une poésie qui tient la dragée haute aux oracles et à leurs interprétations.