Partager Posté(e) 4 octobre 2019 Il reste du temps que l'on ne peut compter sous le ciel mansardé si petit. La tapisserie déchirée cafarde même en juillet plus personne ici ne défait les lits. Il reste des lumières que l'on ne voit pas dans les rues obliques aux relents de tabac froid sur les silhouettes disparates des favelas, les cages se referment sur les délits qui n'en sont pas tandis que les truands s’entre-tuent sans foi. C'est la loi. Il reste de l'amour que l'on n'éprouve pas sur un petit balcon à la lueur du crépuscule un poète rêve de planètes de jacarandas, sur une ligne glauque il joue au funambule. Il reste des enfants sales aux genoux écorchés sous les porches lugubres où les sanglots résonnent. On leur a menti, la vie n'est pas un magasin de jouets la mort est sans fleur et sans couronne. Il reste, bien loin derrière les paupières des souvenirs vivants où puiser un peu de force un seul rêve suffit, envahi de lumières. Il reste quelques arbres vibrants dans leur écorce. Il reste des cendres, couleur grisaille comme un soir sur le port de Brest même à travers un hublot de paille il est des souvenirs qui restent. Un peintre inconnu déverse ses eaux multicolores où, durant tant de nuits il laissa dériver ses pinceaux. Dans ses pots il cultivait des oranges. Partout, pour un instant très court, dans les solides jardins du roi, comme dans les sordides arrières-cours un coucher de soleil redonne la foi. (J.E.octobre 2019) 6 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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