Partager Posté(e) 8 avril 2019 A qui appartient ce poème ? demande le maître courroucé, qui a osé ? En cours de géométrie, nul n'est censé faire de la prose. Nul ne s'est dénoncé … Le poème ébauché a fini dans la corbeille, en mille morceaux. Le maître était sévère, tapait facilement sur les doigts et même, parfois, tirait les cheveux. Dans mon coin, au fond de la classe, cachée par un géant que j'avais choisi pour sa carrure, j'ai rongé mon frein, je ne disais rien mais n'en pensais pas moins. Il pouvait me faire taire mais pas m'empêcher de penser. Le maître écrivait au tableau des formules magiques avec des x et des y c'était joli, n'était-ce pas des lettres ? Je les recopiais sur mon cahier et elles firent des mots … Alors, je m'envolai … Le x m'a ennuyée, je le trouvais un peu xénophobe. Mais ces jolis y, couleur myosotis ! Il essaimèrent sur les carreaux de ma feuille, des i grecs, des yétis, des yacks, des yoyos, un lynx, une lyre, un tableau de Goya et puis des yeux pour y voir mieux. Ah, c'était donc vous ! dit le maître courroucé, me prenant sur le fait. Vous avez osé … Votre nom ! Eymery, Monsieur … Et nous partîmes d'un fou-rire inextinguible, qui nous réconcilia à jamais, lui, avec la poésie et moi avec la géométrie. (J.E. petites histoires ordinaires - avril 2019) Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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