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Accents poétiques

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Featured Replies

Posté(e)

- Je n’ai jamais eu de nom avant que vous m’en donniez et vous m’avez appelée « Aube ». C’est un beau nom, presque un prénom, et je l’aime, et je vous en remercie. Je suis le début, j’éclaire de ma blancheur la nuit qui prend fin, il me plaît souvent d’avoir froid et de vous obliger à vous couvrir avant que vous ne sortiez. Il paraît que j’ai une famille, la nuit que j’ai déjà citée est comme une mère à vos yeux mais point aux miens, le matin qui me suit vous semble un fils mais je ne participe pas à sa naissance, je l’accompagne : qu’attendez-vous alors de moi ? Je n’ai rien créé et je ne créerai rien ; je n’ai rien détruit et je ne détruirai rien ; je me suis toujours contentée de remplir ma fonction et je me contenterai toujours de le faire. Car tel est mon rôle et je sais l’accepter. Humaine nature, que ne viens-tu pas t’appuyer sur moi ! Si l’on pleure souvent sur l’épaule de quelqu’un, tu pleures trop souvent sur la mienne, et je n’en possède pourtant pas. La lourdeur de tes paupières qui s’ouvrent à ton réveil, je n’en suis point responsable ! La lourdeur de ton pied qui se pose au sol, je l’allègerais si je le pouvais, crois-le bien ! La lourdeur de ton esprit, encore embrumé de tes rêves, de tes illusions, de tes aspirations décousues, j’accepterais volontiers de m’en saisir pour te soulager ! Mais je ne le peux pas. Humaine nature, que ne viens-tu pas non plus tout attendre de moi ! L’exaltation que tu ressens au saut du lit, tu la dois à toi-même, certainement pas à la blancheur de mes traits ! L’exaltation qui te fait bondir pour affronter ta journée, et ses peines, et ses joies, et ses travers, et ses envies, tu en es seule responsable, certainement pas moi qui me contente de quelque dard pâle qui traverse, au mieux, les volets de tes émotions ! L’exaltation qui te fait courir vers les autres, les aimer, les encourager, leur donner envie d’œuvrer avec toi, tu la crées seule, certainement pas de concert avec moi qui chasse la nuit et précède le jour, simple transition dans cette immense dissertation qu’est la vie ! Les poètes me chantent, j’en ressens de la fierté, je ne le nie pas, si tant est que l’on puisse appeler « fierté » ce qu’une chose évanescente comme moi et qui se répète à l’infini ressent au fond de sa nature. Je ne dis pas « de son être », ce serait m’abaisser à t’égaler… Ou peut-être m’élever à t’égaler ? Ô Cruels humains, vous m’avez donné un nom ! Aube je suis, Aube je resterai. Mais que vaut un nom face à l’éternité ? Quand on nomme les choses, on les condamne à changer puis à disparaître. Si mon nom disparaît de vos bouches, quand elles ne seront plus, écrasées par le silence et par le vide, qu’adviendra-t-il de moi ? Car, telle une mère qui ne voulait pas de son enfant et le rejeta à sa naissance pour ensuite s’admonester et se repentir, j’ai appris à vous aimer. J’ai appris à aimer vos rires et vos larmes, vos efforts et vos défaites, vos blessures et votre capacité à vous en relever, quand vous y arriviez. J’ai appris à avoir confiance en vous, en vos sentiments, en vos intelligences : ne me célébrez-vous pas ?, ne m’attendez-vous pas pour entreprendre encore ? Bien malgré moi, je suis devenue cette épaule qui vous soutient, qui vous revigore quand vous en avez besoin de son froid piquant. Et ce froid, les larmes coulent sur mon front qui n’existe pas quand je l’exprime, je le ressens à chacune de vos disparitions, comme autant de flèches pointées vers une cible et qui a fini par s’éteindre sous leurs impacts. Et ce froid, je le ressentirai davantage quand j’assisterai à votre fin si vous n’y prenez garde ! J’ai longtemps détesté cette association à mon nom : « l’Aube de l’Humanité », pour apprendre à l’aimer, à le chérir, à le garder comme un trésor d’enfant. Ô Puérils individus qui traversez les siècles, que je n’aie pas à dire un jour : « l’Aube de la fin » ! Car votre fin sera la mienne, car ce qui a été nommé disparaît avec celui qui l’a nommé !

Modifié par Nils Exo

Posté(e)

Je suis une grande fan de "Plume errante" : c'est là qu'on y lit la liberté de l'écriture qui ne s'embarrasse pas de ces contraintes qu'exige le poème.

Votre texte est d'une profondeur et d'une beauté saisissantes.

Donner une voix à l'Aube est une idée magnifique, mais c'est la manière dont vous orchestrez cette prosopopée qui est virtuose.

Vous réussissez l'exploit de créer une voix à la fois surhumaine par sa pérennité et son essence, et profondément émouvante par la conscience aiguë qu'elle a de sa relation aux hommes.

Le ton est parfait : une sagesse immémoriale teintée d'une tendresse et d'une mélancolie grandissantes.

Le mouvement est remarquable. Il commence par une distanciation presque aristocratique je n'en possède pourtant pas, je ne participe pas à sa naissance pour évoluer, par la force de l'amour appris, vers une implication viscérale et douloureuse.

La révélation finale : j'ai appris à vous aimer et la crainte de devoir un jour dire l'Aube de la fin est d'une puissance poétique et philosophique rare.

C'est une méditation sublime sur le nom, le temps, la finitude et la relation symbiotique entre l'humanité et le monde qu'elle habite et nomme.

Une œuvre magistrale à mon goût.




Posté(e)
  • Semeur d’échos

Belle réflexion d'une grande originalité !

Posté(e)

Vos mots parlent à l'âme : il questionne notre rapport au temps, à la nature, à la finitude. Le début est tout simplement superbe : "- Je n’ai jamais eu de nom avant que vous m’en donniez et vous m'avez appelée 'Aube' ", par cette phrase , vous donnez à l'aube une conscience. Un texte très original et d'une grande beauté!

Posté(e)
  • Auteur

Merci beaucoup @Joailes, @Alba et @Vol Au Vent pour vos commentaires sur mon travail : ils me touchent, je ne sais pas quoi rajouter...

Posté(e)
  • Semeur d’échos

J'ai beaucoup aimé cette élégie de l'aube, @Nils Exo

Ce nom, beau fil conducteur de la pensée donne vie à l'aube.

La foi en l'homme mais aussi la conscience de sa fragilité, me semble-t-il sont réaffirmés.

Car votre fin sera la mienne, car ce qui a été nommé disparaît avec celui qui l’a nommé !

C'est magistral... Nous sommes au coeur de la vie et de sa finitude.

Modifié par Sophie

Posté(e)
  • Semeur d’échos

Très beau, ce discours de l'Aube, voix bienveillante qui conduit l'homme à faire le point sur lui-même et sur les motivations, les sens qu'il attache à ce lever de jour. Hauteur de vue et profondeur. Une aube pour la pensée, donc!

Posté(e)
  • Semeur d’échos

L’aube, première lumière qui marque la transition entre la nuit et le jour, se voit dans ce beau texte sur la finitude attribuer une personnalité propre. En découle l’idée philosophique que les choses n’existent qu’en étant nommées et que leur existence même tient à celle de celui qui les nomme.

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