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Posté(e)
  • Semeur d’échos

          Je suivis la progression de cet étrange individu, mais à pas de loup, courbé en deux par la crainte d’être repéré. Le sol était, à ma grande surprise, couvert d’un tapis de sable doux au pied. Cela m’évita de faire sonner un caillou. L’initié (c’est ainsi que j’ai pris l’habitude de l'appeler) marchait d’un pas assuré. Il semblait connaître parfaitement les lieux. Une odeur d’encens parvint à mes narines au moment même où j’entrevis les torches attachées au mur. Elles brillaient comme autant de petits soleils. L’antre de la grotte bientôt fit un coude. On débouchait sur une vaste salle illuminée. Je m’arrêtais au point où je jugeai avoir une vue suffisante sans risquer d’être vu. Le jeune homme s’agenouillait. Je ne m’étais pas trompé, il était bel et bien nu. Son corps semblait huilé. On n’y devinait aucune toison, même au bas de son corps. Mes yeux distinguèrent bientôt, devant ses genoux, un ruisseau d’eau transparente, bleutée légèrement (des reflets ?) comme aigue-marine. L’homme se releva, enjamba lentement le filet d’eau, s’agenouilla à nouveau sur un tapis posé à même le sable et posa son panier d’offrandes devant lui, sur ce qui ressemblait à un petit autel de granit rose. Je tâchais d’identifier fruits et fleurs : rien ne m’en était familier. Quelques minutes passèrent pendant lesquelles je me fis la réflexion suivante : le sol où le jeune homme se tenait sur ses genoux était renflé, comme un ventre, tandis que l’autel était grossièrement partagé en deux parties sphériques, je ne l’avais pas remarqué. Et soudain, cela me parut clair : il s’agissait des esquisses d’une poitrine et d’un ventre féminins. Ce qui me confirma dans cette intuition, ce fut le rite qui s’accomplit alors : le jeune garçon, dans un premier temps allongea son nombril sur le sol renflé, puis, dans un second, ayant retiré le panier, effleura de ses propres mamelons la pierre, puis y remit les offrandes.

 

          Je ne doutais plus de me trouver, par effraction, témoin d’un rite. Une messe noire ? Cette idée me donna envie de rebrousser chemin. Mais je voulus attendre de voir. Cela valut la peine ! Apparut enfin quelque chose. Une sorte de trône d’ébène. Cela se fit si vite que j’eus l’impression d’une apparition. Comment ne l’avais-je pas encore vu ? Ce précieux objet se trouvait paré de riches sculptures, incrusté de pierres luisant comme des joyaux et couvert de coussins pourpres, dorés, de toutes les couleurs. Le temps de me frotter les yeux, ahuri, une autre apparition inexplicable eut lieu. Quoique je pusse avoir été distrait une minute, il n’était pas possible que je ne visse avancer et s’installer cette superbe créature ! Une femme éblouissante de beauté, nue elle aussi, se tenait assise sur cette sorte de trône. Elle avait des bijoux au cou, à la taille, aux poignets et aux chevilles. Des anneaux lui faisaient une ceinture d’or qui dansait autour de ses reins au moindre de ses mouvements. Son sexe brillait entre ses cuisses comme un rubis. J’étais fasciné. On eût dit une idole des temps anciens. Mais par Dieu, elle vivait, celle-là !

 

          Etait-ce par réflexe, mon œil se hasarda à détailler le corps du jeune homme qui, immobile d’abord, se reculait pour se prosterner : il était entré en érection, mais ne manifestait aucune concupiscence. Son attitude était celle d’un profond respect et d’une parfaite soumission. A présent, ses avant-bras plaqués à ses flancs se repliaient, les index pointèrent ses aréoles. L’idole eut un sourire de bienveillance. Il se tourna et lui présenta les fesses. Qu’on ne me demande pas pourquoi, peut-être s’agissait-il de se montrer d’une vénusté impeccable. La déesse ne choisissait pas n’importe qui…

 

          Mon regard revint à la sublime apparition sur son trône. Son visage, droit porté par un cou de satin, un rien hiératique, était d’un teint légèrement halé, son menton était fendu, ses yeux si brillants que parfois j’en clignais comme si j’étais face au soleil. Même à la distance qui m’en séparait, j’apercevais distinctement la couleur verte de ses iris. Ses cheveux étaient d’un noir tirant sur le roux. Tout son corps resplendissait de perfection et de jeunesse. Elle souriait, par moments, comme qui envisage une belle action, et ses dents scintillaient de blancheur. Ses doigts mignons, ses pieds fins… je me perdrais en louanges ! Ses pommettes étaient saillantes, ses lèvres fines et pourtant il se lisait sur sa physionomie une avidité maîtrisée.

 

          Elle regarda longtemps son prêtre – si c’en fut un. Tous deux parurent figés, ne communiquant que par le regard. Une sorte de télépathie ? Je remarquai avec stupeur que ce grand gaillard était dépassé d’une tête par celle qui lui faisait face ! Puis le jeune homme s’inclina, souleva le panier d’offrandes de ses deux mains, le lui présenta. Elle sourit, approuva du chef et le panier fut reposé sur l’autel .Puis il se recula, s’agenouilla, étendit les bras et fit saillir son bassin comme pour le lui dédier. L’être divin alors prononça une parole. Il lui répondit. L’échange fut court, j’avais tendu l’oreille, je ne reconnaissais rien de cette langue. Ce n’était pas du breton, encore moins du français. Le dialogue reprit et dura, cette fois, plusieurs minutes. Leurs voix, chacune dans sa tessiture, étaient à la fois suaves et cristallines. Puis ils chantèrent : harmonie sublime !

A suivre.

Modifié par Thy Jeanin

Posté(e)
  • Semeur d’échos

Voilà des créatures et un échange hors du commun !

Impatiente de découvrir la suite...

Posté(e)

Je pensais que le jeune homme allait tomber sur une sorte de sirène et, dans cette partie, l'on dirait la déesse Aphrodite : je me demande quelle surprise vous nous réservez pour la suite ! En tout cas il y a du Pierre Louÿs dans votre style, riche en sensualités multiples et en termes archaisants, bravo !

Posté(e)
  • Semeur d’échos

Si en plus ces deux êtres hors du commun dans leur rite très sensuel ne parlent pas breton entre eux, ils sortent vraiment de l’ordinaire !

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