Add Comments/Reaction First Last Add Comments/Reaction First Last

Il n’y a aucun commentaire à afficher.

~ Les commentaires sur les sujets sont uniquement visibles des membres de notre communauté ~
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…

Doit contenir au moins 3 caractères.

Aller au contenu

Névache


Papy Adgio

Messages recommandés

La géographie est une science évolutive exercée par des experts rigoureux et austères qui pensent qu’un anticlinal pousse à la galéjade ! Certains soirs certains d’entre eux se surprennent à rêver d’une doline soudain devenue très câline…

 

Voilà pourquoi cette science, féminine bien sûr, n’a qu’une seule raison de vivre : les atours, la séduction, l’invitation au voyage. Elle a des parures si naturelles qu’une brindille placée à dessein dans un paysage peut vous faire vibrer longtemps…

 

Pourquoi et comment ? Voilà un mystère impossible à dire et difficile à percer. Mais l’amour n’a-t-il pas des détours que l’érosion ignore ?

 

Mes subtils émois géographiques vont à la rondeur. J’ai souvent rêvé de burons en Aubrac, de maisons en Ségala, pour jouir de centaines de croupes offertes à mon oisiveté productive !

Bien que proches de mon huis, les seuils granitiques, cristallins ou schisteux m’étaient jadis insupportables. Ils devenaient obscurs dès l’annonce du lendemain et même en manteau blanc les sommets me grisaillaient les pensées.

 

Sans cesse, ma diplomatie géographique, qui procrastine le long des méandres langagiers de cours d’eaux lascifs, bavards, bonshommes et printaniers imposait aux montagnes russes de se dandiner à la paresse de ma fête foraine oculaire.

 

 

Pourtant un jour, une rencontre entre voyageurs nous transporta dans la haute vallée de Névache. Notre entrevue débuta par une balade nonchalante et causante sur les sentes pierreuses qui font face à l’âme granitique du mont Thabor.

L’automne glissait lentement vers l’évanouissement d’un été de la saint Martin particulièrement souriant. Sur les crêtes, mélèzes, pins à crochets et pins cembros se disputaient l’harmonie de la palette sous un spectre obstinément azuré et immaculé.

L’hiver pouvait s’immiscer, les parures saisonnières étaient disponibles sur leurs patères rocailleuses alors qu’au sol une moquette hirsute attendait immobile et patiente les premiers assauts de la neige.

 

 

Au sommet d’une pente à peine belliqueuse, le torrent s’accordait un bivouac entre pierres et verdure. Il conversait calmement avec le silence et intimait l’ordre du repos.

Une fois assis face à la Grande Chalanche et aux Crêtes du Queyrellin les yeux se firent béats. Au-delà, le sommet du Guion et la pointe de Pecée les interloquèrent durant de longues minutes.

Le menuet de la rivière inondait le vallon de ballades italiennes à la fois proches et lointaines. Le cœur, un instant débordé par le spectacle, se laissait lentement dompter par les mélopées tranquilles du soleil de fin d’après-midi sur les adrets amusés et les ubacs nuancés.

 

 

Les bavardages cessèrent et, dans un recueillement monastique chacun entra en lui pour laisser d’indicibles psaumes aériens le porter vers les cols, les combes, les failles et les fières incantations verticales.

Rassuré de ne pas être tout à fait idiot, je révisais sans attendre mon approche de la haute montagne et mon œil se fit soudain plus amical.

L’au-delà, puissant et vaporeux, s’insinuait aux cheminements intérieurs et loin du trépas automnal, c’est une naissance printanière qui imposait son baptême. Le bonheur dans les yeux, la liesse dans les fibres, je communiais avec l’éternel.

 

La descente par les sentes obliques confina au merveilleux.

 

 

688275554_Nvache(3)(Copier).JPG.f2bc6f7a8735adcf81b6e971960f1521.JPG

Photo Papy Adgio - Névache (05)

Modifié par Papy Adgio
  • Merci 3
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...