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  • Semeur d’échos
comment_198455

                  Notes sur les mœurs du glaglalithique 

 

                    Communication du Dr Pierre Polie, anteprépaléologiciste au collège d’archéo-anthropo’pataphysique

 

          Il fut un temps de chien, mais les chiens l’ont oublié ; nous en rongeons encore notre os. Bandits que nous sommes, nous avons volé aux bêtes leur peau bien chaude – miracle de la nature ! – pour survivre à leur place. C’était l’âge du glaglalithique. Il faisait froid à pierre fendre – je parle de pierre tombale.

 

          A cette époque, les humains polissaient à la hache leurs quelques neurones dégelés en observant le monde environnant. Ils auraient pu écrire de belles écobiographies, car de  leur environnement, ils étaient beaucoup tributaires, vivant en tribus terre à terre. Très sensibles, dans leur petite culture binaire, à leurs attributs : toi femelle, moi mâle.

 

          Comme il n’y avait pas de liane sous ces proarctiques latitudes, ils se déplaçaient accrochés aux trompes, de mammouth en mammouth. On ne connaissait pas encore le mazout, alors on se réchauffait comme cela, par le mouvement. Les mammouths s’en balançaient la trompe, qu’est-ce que pouvaient leur faire ces fourmis bipèdes ?

 

          Ce mouvement de balancier donnait aux hommes le tournis, leurs neurones s’entrechoquaient et cela donnait sous leur voûte crânienne, tandis qu’ils contemplaient la céleste, une belle salade. Or, les hommes n’étaient pas encore végans.

 

          Et d’ailleurs ils ne savaient – les sots ! – ni lire ni écrire. C’est pourquoi aucun d’entre eux n’a eu l’idée d’inventer l’écobiographie, genre littéralement moderne en promotion chez les libraires (voyez avec Jean-Philippe Pierron, vous m’éviterez des notes.)

 

          Binaires, donc, jusqu’à l’aveuglement – les binocles n’existaient pas – ils ne voyaient pas plus loin que le bout de leur appendice nasocaudal et interprétaient tout en termes de mâle / femelle. Et peut-être bien que ces dames, moins promptes à se fier aux appendices (je parle de trompes), s’y entendaient pour mieux tromper ou détromper ces sacs à muscles hébétés. Les plus forts, eux ? Mon œil ! Elles en battaient des cils.

 

          A cette époque, la femme antéhistorique n’était pas encore hantée par les paléopréjugés de leurs compagnons. Elles se couvraient par nécessité toutes les parties du corps, pour des raisons de confort, certes, mais aussi pour ne pas devenir des bonnes femmes de neige. Elles ont si bien réussi, remarquerons-nous, que personne n’a jamais vu en neige que des bonshommes.

 

          Et pourtant, déjà, les femmes archéo-historiques tombaient enceintes, dites donc, oui oui, en plein glaglalithique ! Il en fallut, des précautions, pour que bébé ne béât pas glacé dès la parturition !

 

         Les hommes eux-mêmes en étaient baba. C’est pourquoi la période s’appelle aussi le babalithique. Pourtant, notons-le bien, le baobab n’existait pas (sauf dans la main, car les hommes étaient paresseux, contrairement aux femmes qui faisaient déjà la vaisselle et le ménage ; elles décoraient les grottes et c’est de cette époque – non de la Renaissance (elles avaient déjà bien à faire avec les naissances, enfin soyons sérieux) – que date le style grotesque). Elles avaient donc un pouvoir surnaturel, en induisit-on, entre deux dévorations. Mais comment s’y prenaient-elles ? Il n’existait pas encore de chou, on ne prêtait aucune attention aux roses sinon pour en éviter les épines, et les cigognes, sans vergogne, refusaient de quitter la douillette Afrique. Alors ?

 

          Aussi, face à l’incompréhension masculine, ces dames jouèrent-elles les déesses et les chamanes (ce qui permit de domestiquer le chat, toujours attiré par le mystère). Elles eurent – et c’est l’objet de ma thèse – le pouvoir du prestige de l’insémination du monde par parthénogenèse (croyaient ces bêtas qui ne savaient ni l’alpha ni l’oméga). Les hommes étaient tant et si bien bluffés qu’ils en oubliaient leurs buffles et leur muflerie et tenaient leurs compagnes pour des animaux supérieurs, se réservant pour plus tard la nuance qui fut fatale au succès féminin : la question de l’âme, dont ils finirent par s’autoproclamer seuls possesseurs.

 

          Fi ! les malotrus !

 

NB. On me reprochera sans doute cette remarque finale peu scientifique d’esprit. Or, on aura tort. C’est l’objet d’une autre thèse prochainement défendue par un de mes épigones, l’anglais Gone Withwind : les hommes du glaglalithique souffraient d’hémorroïdes et l’orthographe aussi.

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  • Semeur d’échos
comment_198458

Le titre annonce la couleur, humoristique !

L'on sait à quoi s'attendre et l'on n'est pas déçu !

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comment_198543
Le 13/06/2025 à 18:51, Thy Jeanin a écrit :

                  Notes sur les mœurs du glaglalithique 

 

                    Communication du Dr Pierre Polie, anteprépaléologiciste au collège d’archéo-anthropo’pataphysique

 

          Il fut un temps de chien, mais les chiens l’ont oublié ; nous en rongeons encore notre os. Bandits que nous sommes, nous avons volé aux bêtes leur peau bien chaude – miracle de la nature ! – pour survivre à leur place. C’était l’âge du glaglalithique. Il faisait froid à pierre fendre – je parle de pierre tombale.

 

          A cette époque, les humains polissaient à la hache leurs quelques neurones dégelés en observant le monde environnant. Ils auraient pu écrire de belles écobiographies, car de  leur environnement, ils étaient beaucoup tributaires, vivant en tribus terre à terre. Très sensibles, dans leur petite culture binaire, à leurs attributs : toi femelle, moi mâle.

 

          Comme il n’y avait pas de liane sous ces proarctiques latitudes, ils se déplaçaient accrochés aux trompes, de mammouth en mammouth. On ne connaissait pas encore le mazout, alors on se réchauffait comme cela, par le mouvement. Les mammouths s’en balançaient la trompe, qu’est-ce que pouvaient leur faire ces fourmis bipèdes ?

 

          Ce mouvement de balancier donnait aux hommes le tournis, leurs neurones s’entrechoquaient et cela donnait sous leur voûte crânienne, tandis qu’ils contemplaient la céleste, une belle salade. Or, les hommes n’étaient pas encore végans.

 

          Et d’ailleurs ils ne savaient – les sots ! – ni lire ni écrire. C’est pourquoi aucun d’entre eux n’a eu l’idée d’inventer l’écobiographie, genre littéralement moderne en promotion chez les libraires (voyez avec Jean-Philippe Pierron, vous m’éviterez des notes.)

 

          Binaires, donc, jusqu’à l’aveuglement – les binocles n’existaient pas – ils ne voyaient pas plus loin que le bout de leur appendice nasocaudal et interprétaient tout en termes de mâle / femelle. Et peut-être bien que ces dames, moins promptes à se fier aux appendices (je parle de trompes), s’y entendaient pour mieux tromper ou détromper ces sacs à muscles hébétés. Les plus forts, eux ? Mon œil ! Elles en battaient des cils.

 

          A cette époque, la femme antéhistorique n’était pas encore hantée par les paléopréjugés de leurs compagnons. Elles se couvraient par nécessité toutes les parties du corps, pour des raisons de confort, certes, mais aussi pour ne pas devenir des bonnes femmes de neige. Elles ont si bien réussi, remarquerons-nous, que personne n’a jamais vu en neige que des bonshommes.

 

          Et pourtant, déjà, les femmes archéo-historiques tombaient enceintes, dites donc, oui oui, en plein glaglalithique ! Il en fallut, des précautions, pour que bébé ne béât pas glacé dès la parturition !

 

         Les hommes eux-mêmes en étaient baba. C’est pourquoi la période s’appelle aussi le babalithique. Pourtant, notons-le bien, le baobab n’existait pas (sauf dans la main, car les hommes étaient paresseux, contrairement aux femmes qui faisaient déjà la vaisselle et le ménage ; elles décoraient les grottes et c’est de cette époque – non de la Renaissance (elles avaient déjà bien à faire avec les naissances, enfin soyons sérieux) – que date le style grotesque). Elles avaient donc un pouvoir surnaturel, en induisit-on, entre deux dévorations. Mais comment s’y prenaient-elles ? Il n’existait pas encore de chou, on ne prêtait aucune attention aux roses sinon pour en éviter les épines, et les cigognes, sans vergogne, refusaient de quitter la douillette Afrique. Alors ?

 

          Aussi, face à l’incompréhension masculine, ces dames jouèrent-elles les déesses et les chamanes (ce qui permit de domestiquer le chat, toujours attiré par le mystère). Elles eurent – et c’est l’objet de ma thèse – le pouvoir du prestige de l’insémination du monde par parthénogenèse (croyaient ces bêtas qui ne savaient ni l’alpha ni l’oméga). Les hommes étaient tant et si bien bluffés qu’ils en oubliaient leurs buffles et leur muflerie et tenaient leurs compagnes pour des animaux supérieurs, se réservant pour plus tard la nuance qui fut fatale au succès féminin : la question de l’âme, dont ils finirent par s’autoproclamer seuls possesseurs.

 

          Fi ! les malotrus !

 

NB. On me reprochera sans doute cette remarque finale peu scientifique d’esprit. Or, on aura tort. C’est l’objet d’une autre thèse prochainement défendue par un de mes épigones, l’anglais Gone Withwind : les hommes du glaglalithique souffraient d’hémorroïdes et l’orthographe aussi.

Ce glaglalihique a de fortes similitudes avec notre époque 😉

une performance imaginaire et drolatique : bonne femme des neiges et style grotesque entre autres pépites ! Merci Thy Jeanin 🙌

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  • Semeur d’échos
comment_198574
Le 13/06/2025 à 18:51, Thy Jeanin a écrit :

les hommes du glaglalithique souffraient d’hémorroïdes et l’orthographe aussi.

étonnant quand on sait que le froid soulage, provoquant une vasoconstriction des veines et des artères, favorisant ainsi le resserrement des tissus boursouflés.

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  • Semeur d’échos
comment_198590

Une réjouissante relecture de la préhistoire et tout n’est pas faux, bien au contraire.

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  • Semeur d’échos
comment_198721

@Thy Jeanin

Man, ton texte se présente comme une "communication" savante qui en détourne systématiquement les codes. Le ton parodique s'appuie sur une accumulation d'anachronismes, de jeux de mots, de fausses étymologies et d'absurdités assumées, dans la tradition de la pataphysique. Ce choix humoristique produit des effets comiques efficaces, mais qui tendent parfois vers une saturation : l’humour se fait parfois trop prévisible, à force de marteler le même ressort burlesque (contre-sens scientifique, décalage lexical, anthropomorphisme, etc.). Cela dit, je me suis bien marré à te lire !

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  • Semeur d’échos
comment_198755
Le 14/06/2025 à 23:24, Joailes a écrit :

étonnant quand on sait que le froid soulage, provoquant une vasoconstriction des veines et des artères, favorisant ainsi le resserrement des tissus boursouflés.

Ce n'était donc pas des malotrus. Il faut que le Dr Polie revoie sa conclusion!

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comment_198803

Merci pour ton humour dans ce monde sinistre

Tourner en dérision ce que l'on ne vit pas

Nous permet de sourire et de chasser le triste

Pour prendre du recul et affermir nos pas

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  • Correcteur
comment_198954
Le 13/06/2025 à 18:51, Thy Jeanin a écrit :

, se réservant pour plus tard la nuance qui fut fatale au succès féminin : la question de l’âme, dont ils finirent par s’autoproclamer seuls possesseurs.

Je crains bien qu il en existe encore quelques spécimen de nos jours

( parfois même de nos nuits 🫣)

Ah ces hommes !

Quant aux mammouths, ils n'avaient pas encore été dégraissés !