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Featured Replies

Posté(e)

Le studio dans la verrière - chapitre 2 -

J'aurais aimé écrire « mémoires d'un âne » mais c'était déjà pris et il serait très fâcheux que l'on m'accusât, même à titre posthume, de plagiat.

J'ai donc choisi un autre titre, « Œuvres anthumes de la Mère Jo », dont chaque histoire est totalement indépendante de la précédente.

La semaine dernière, j'ai parlé de ma vie de château, avec ma tante Thérèse et Solange, et pour ceux qui n'ont pas suivi (et je les comprends!) je rappelle que le bâtiment fut transformé en chambres d'hôtes, alors que je venais tout juste d'entrer dans l'adolescence.


Ce soir, dans ma grotte aux mille bougeoirs, je pense à André Dézartiste, qui avait loué au rez-de-chaussée un studio totalement dépourvu de décoration, aux murs blanchis à la chaux.

Il avait tout de suite aimé la grande verrière parcourue de glycines et avait réglé six mois d'avance, après de longues palabres dont je n'entendis que quelques bribes.

Tante Thérèse avait beaucoup changé, elle était devenue humaine et je reste convaincue que l'abandon de son rouge à lèvres y était pour quelque chose.

André fit venir ses affaires dès le lendemain dans un petit camion blindé et s'installa en un tour de main.

De mon perchoir aménagé au faîte d'un séquoia, armée de jumelles puissantes, je l'espionnais pour la bonne cause puisque j'allais parler de lui dans mon chapitre deux.

Il passa la journée à brancher des ordinateurs, des écrans, et d'autres appareils étranges ; puis, quand vint le crépuscule, il enfila une combinaison, des lunettes et un casque.

Si on n'avait pas encore marché sur la lune à cette époque, on avait commencé à marcher sur la tête et je fus le témoin de scènes inédites qui me laissèrent plusieurs nuits sans dormir.

Mais, vous l'allez voir, l'insomnie en valut la chandelle.

Quand les souvenirs reviennent, ils sont souvent associés à une image ou un parfum qui passe par là, l'air de rien, et ce soir là, la cuisinière avait préparé de l'andouille de Guéméné, dont on l'avait sincèrement félicitée.

Solange et Thérèse étaient aux anges et sirotaient une petite tisane digestive ; (odeurs de thym, de cannelle et de citron) : j'en profitai pour retourner sur mon perchoir.

André Dézartiste tapotait sur un énorme clavier, il avait des doigts de pianiste et l'air illuminé.

Je crus tout d'abord qu'il faisait de la musique avec l'aide de l'informatique, mais quand je fis un zoom sur son écran, je lus ceci :

La vie est un questionnaire et il est extrêmement difficile de répondre à toutes les questions.

Un message s'afficha alors : Captcha réussi. Vous êtes officiellement humain.

Est-il humain de chercher des réponses ?

Deux secondes s'écoulèrent.

Choisis entre comprendre tout et ne rien ressentir, ou ressentir tout et ne rien comprendre.

André se prit la tête entre les mains.

Moi aussi : je venais d'entrer dans une autre dimension.

Comme le disait Oscar Wilde : "La curiosité est la seule chose qui vaille la peine d'être possédée." 

Il était temps pour moi de descendre de mon arbre et je rejoignis mon lit sans bruit.

Otto Graf, l'amour de ma vie, ronronnait sur mon coussin préféré ; chassant une puce de son oreille,

il ne me posa aucune question quand je me couchai près de lui.

(joailes - ) 11 juin 2025 - 21 h 40





Posté(e)
  • Semeur d’échos

Un joli récit, tout en suggestions et en réflexions.

Le cadre est très finement rappelé.

De nombreuses pièces de ce logement restent à explorer...

Posté(e)
Le 11/06/2025 à 21:43, Joailes a écrit :

Le studio dans la verrière - chapitre 2 -

J'aurais aimé écrire « mémoires d'un âne » mais c'était déjà pris et il serait très fâcheux que l'on m'accusât, même à titre posthume, de plagiat.

J'ai donc choisi un autre titre, « Œuvres anthumes de la Mère Jo », dont chaque histoire est totalement indépendante de la précédente.

La semaine dernière, j'ai parlé de ma vie de château, avec ma tante Thérèse et Solange, et pour ceux qui n'ont pas suivi (et je les comprends!) je rappelle que le bâtiment fut transformé en chambres d'hôtes, alors que je venais tout juste d'entrer dans l'adolescence.


Ce soir, dans ma grotte aux mille bougeoirs, je pense à André Dézartiste, qui avait loué au rez-de-chaussée un studio totalement dépourvu de décoration, aux murs blanchis à la chaux.

Il avait tout de suite aimé la grande verrière parcourue de glycines et avait réglé six mois d'avance, après de longues palabres dont je n'entendis que quelques bribes.

Tante Thérèse avait beaucoup changé, elle était devenue humaine et je reste convaincue que l'abandon de son rouge à lèvres y était pour quelque chose.

André fit venir ses affaires dès le lendemain dans un petit camion blindé et s'installa en un tour de main.

De mon perchoir aménagé au faîte d'un séquoia, armée de jumelles puissantes, je l'espionnais pour la bonne cause puisque j'allais parler de lui dans mon chapitre deux.

Il passa la journée à brancher des ordinateurs, des écrans, et d'autres appareils étranges ; puis, quand vint le crépuscule, il enfila une combinaison, des lunettes et un casque.

Si on n'avait pas encore marché sur la lune à cette époque, on avait commencé à marcher sur la tête et je fus le témoin de scènes inédites qui me laissèrent plusieurs nuits sans dormir.

Mais, vous l'allez voir, l'insomnie en valut la chandelle.

Quand les souvenirs reviennent, ils sont souvent associés à une image ou un parfum qui passe par là, l'air de rien, et ce soir là, la cuisinière avait préparé de l'andouille de Guéméné, dont on l'avait sincèrement félicitée.

Solange et Thérèse étaient aux anges et sirotaient une petite tisane digestive ; (odeurs de thym, de cannelle et de citron) : j'en profitai pour retourner sur mon perchoir.

André Dézartiste tapotait sur un énorme clavier, il avait des doigts de pianiste et l'air illuminé.

Je crus tout d'abord qu'il faisait de la musique avec l'aide de l'informatique, mais quand je fis un zoom sur son écran, je lus ceci :

La vie est un questionnaire et il est extrêmement difficile de répondre à toutes les questions.

Un message s'afficha alors : Captcha réussi. Vous êtes officiellement humain.

Est-il humain de chercher des réponses ?

Deux secondes s'écoulèrent.

Choisis entre comprendre tout et ne rien ressentir, ou ressentir tout et ne rien comprendre.

André se prit la tête entre les mains.

Moi aussi : je venais d'entrer dans une autre dimension.

Comme le disait Oscar Wilde : "La curiosité est la seule chose qui vaille la peine d'être possédée." 

Il était temps pour moi de descendre de mon arbre et je rejoignis mon lit sans bruit.

Otto Graf, l'amour de ma vie, ronronnait sur mon coussin préféré ; chassant une puce de son oreille,

il ne me posa aucune question quand je me couchai près de lui.

(joailes - ) 11 juin 2025 - 21 h 40





Un récit plein de pépites ! Savoureux 😉 une suite en version indépendante ou reliée à la précédente peu importe pleine de réflexions et de ronrons d’Otto serait vivement apprécié 😉🤪Joailes est demandée et je frappe à ta porte de bois de Séquoia 😅

Posté(e)
  • Semeur d’échos

Plusieurs remarques. D'abord que toute œuvre est anthume. Ensuite que, perchée tu es, un peu à la manière de l'araignée qui préfère le balcon sylvestre au plafond et pourtant il s'agit bien d'un point de vue interne. Mais ce n'est pas une glose hivernale. Juste un rebondissement en attendant la suite. 😛

Posté(e)
  • Auteur
Le 13/06/2025 à 19:39, Thy Jeanin a écrit :

D'abord que toute œuvre est anthume.

oui, avant qu'elle ne soit posthume. La Palice n'aurait pas mieux dit !! 😉

Posté(e)
  • Semeur d’échos
Le 11/06/2025 à 21:43, Joailes a écrit :

la cuisinière avait préparé de l'andouille de Guéméné

Excellente dans la galette ou associé à la purée de pommes de terre ou aux coquilles Saint-Jacques. Un souvenir savoureux parmi d’autres !

Jean Lech-Mébabine.

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