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comment_193968

Le Violon d’Émeline

 

Troisième Partie

 

 

Émeline avait dû s’assoupir en fin de nuit car les premiers rayons du soleil la réveillèrent très tôt en cette splendide matinée de juillet. Quel temps merveilleux ! La journée promettait. Elle s’étira longuement, déposa un baiser léger sur l’écorce de son arbre fétiche et regagna courageusement son manoir. Entrée dans le hall, elle constata que rien ne bougeait. Le plus profond silence régnait. Peut-être était-elle sauvée... Elle parvint jusqu’au salon. Quel calme ! Aucune casserole au milieu du chemin, les meubles étaient parfaitement rangés, comme à l’ordinaire. Dans la cuisine, les jolies casseroles brillantes étaient accrochées au mur, les ustensiles de cuisine sagement disposés dans les tiroirs.

 

Elle constata que son maudit violon était posé sur la table de l’office, son étui à côté de lui. Mais tout paraissait normal. Pourtant, lorsque la jeune femme saisit prudemment l’instrument de musique par le manche en évitant d’effleurer les cordes, elle vit un papier tomber de l’ouïe gauche du violon. De quoi s’agissait-il ? Elle se pencha, ramassa le document déposé sur le sol. Une lettre ! Le texte et la date avaient été effacés par le temps, mais la signature de l’épistolier était presque encore lisible : « Nicc.lò Pagan.ni ». Niccolò Paganini ? « Le violoniste du Diable », ainsi qu’il était surnommé ! Émeline eut un frisson de terreur.

 

Là résidait peut-être l’explication de cette étrange soirée. Le violon avait sans doute appartenu à ce musicien à la réputation sulfureuse. Son intuition paraissait folle mais elle n’avait pas rêvé, elle était sûre d’elle. L’instrument paraissait le jouet d’un sort maléfique qui pouvait expliquer ses étranges pouvoirs. Que faire ? Il fallait rompre ce sortilège et pour cela le feu serait son allié. La jeune femme rejoignit son garage dans le bâtiment adjacent pour se procurer un peu d’essence. Munie de ce fardeau odorant, elle prit le violon, l’étui et la lettre du supposé musicien et aspergea le tout du liquide inflammable.

 

En pensant tristement au proverbe célèbre « qui veut la fin veut les moyens », Émeline jeta l’ensemble dans le vieux puits désaffecté du manoir après avoir craqué une allumette. Il lui sembla voir un visage se recroqueviller dans les flammes lors de la chute de ces objets dans l’abîme. C’était sans doute son imagination qui lui jouait des tours. Elle refusait de croire ce que ses yeux voyaient pourtant. Elle en avait vraiment assez de toutes ces diableries. Elle voulait tourner la page. En poussant un immense soupir, elle quitta les lieux et rejoignit sa demeure sans attendre.

 

Émeline décida de ne plus se mêler des vieilleries cachées dans le grenier. Les rencontres avec le passé pouvaient réserver d’affreuses et terrifiantes surprises. Et quel crève-cœur d’être dans l’obligation de brûler un instrument de musique ancien ! Toutefois, chose importante, sa méthode énergique avait dû être la bonne : elle n’eut plus jamais de nouvelles du violon possédé ni de numéro de casseroles dansantes. Elle put reprendre sans souci le cours de sa vie artistique qui fut, comme on s’en doute, particulièrement brillante. Mais elle ne confia jamais à personne sa mésaventure estivale. Qui aurait pu la croire ? Personne, naturellement.

 

 

FIN

Modifié par Alba

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comment_194033


Dommage ! Le violon avait sûrement une grande valeur.

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comment_194081

Certainement, c'est navrant !

 

Heureusement que c'est une fiction !

 

Merci Jeep pour cette visite !

Posté(e)
comment_194136

 "Elle put reprendre sans souci le cours de sa vie artistique qui fut, comme on s’en doute, particulièrement brillante. Mais elle ne confia jamais à personne sa mésaventure estivale. Qui aurait pu la croire ? Personne, naturellement."

 

Mais c'était sans compter sur @Alba qui apparemment avait eu vent de l'affaire. Dès que la chose fut révélée aux lecteurs, Emeline brûla dans la cuisine dans un gigantesque incendie, tandis que le violon renaissait de ses cendres et jouait le caprice n°24 en la mineur. Le magnifique Niccolo agitait ses six doigts ... en forme d'allumettes ... 

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  • Auteur
comment_194145

Merci à vous, @Thy Jeanin et @Joailes, pour ces apports de belle qualité !

 

Le violon de Paganini est donc ressuscité...

 

Joailes, il faut écrire ses nouvelles aventures !

 

🙂

 

Modifié par Alba