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comment_192006

Jim et le vaisseau spatial

 

Première partie

 

 

Le sol humide adhérait à ses semelles de crêpe et chacun de ses pas faisait un bruit de ventouse qui l’écœurait. Il avançait pourtant sur l’asphalte et le béton de cette cité sans âme. Il n’était pas de retour possible pour lui. « Une force qui va », aurait dit Victor Hugo, cet écrivain français des siècles passés. Jim ricana cruellement. Que de sottises fallait-il proférer dans la vie avant de se taire pour toujours ! Toujours des mots, les mots des autres, qu’on reprenait sans comprendre, sans même le vouloir, tant la mécanique était imparfaite.

 

Le jeune homme arriva à un carrefour. Peu de véhicules, peu de couleurs. Le froid matin livide de décembre tenait ses promesses. La pluie se remit à tomber, puis elle s’arrêta. Moments juxtaposés d’insignifiance folle. Jim ne pouvait plus supporter cette existence morne à laquelle il se savait voué. Par malchance ? Par choix ? Non, c’était le lot de chacun. Même les plus grands dirigeants dans leurs palais d’or massif n’étaient que des pantins soumis à leurs troubles gastriques. Pour un moment. Avant la grande bascule dans le terreau natal. Trou noir d’une piteuse éternité.

 

Jim avait pris sa décision : en finir avant l’heure était la chose la plus raisonnable à faire. Hors de question de prolonger la farce. Pour qui, pour quoi ? L’amour ? Ce mot ne voulait rien dire, il n’était que maquillage apposé sur le front de vieux enfants, avides seulement de prolonger leurs misérables plaisirs. Le pouvoir ? Hochet pour crétins. Jouer des coudes pour se pousser en courtisant tout le monde n’était pas son genre. Périr donc, certes, mais comment ? Les sirènes d’un chantier que des ouvriers rejoignaient résonnèrent dans le petit matin, troublant sa réflexion. Mais le jeune homme n’y prêta guère attention, se contentant de hâter le pas.

 

Le sol était toujours collant, comme si la vie s’accrochait à lui, laide prostituée faisait valoir ses charmes faisandés. Tout en cheminant, Jim alluma une cigarette. La mort lente… Il ricana. C’était d’actualité, pour ce Dernier jour du condamné, si l’on voulait des références de prestige. La nouvelle journée faisait défiler ses minutes avec obstination, horloge qui battait la mesure de la symphonie du néant. Insupportable vouloir-vivre universel… Jim écrasa sa cigarette dans la boue du trottoir (gare à l’amende !). Puis il sourit soudain. Une idée venait de lui traverser l’esprit. Une illumination, pour citer un autre poète. Il voyait enfin une solution à son problème.

 

 

À suivre...

 

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comment_192022

Oups! Cette sirène dans les chantiers ne me dit rien qui vaille... Vision noire au possible et du coup (pour parler contemporain) fort réaliste - quoique futuriste. J'aime bien l'image de la symphonie du néant et attends la suite avec impatience.

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comment_192035

Jim est un dépressif, c'est évident. Il doit être cousin avec Jean Bave. 

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comment_192071

Pourquoi vivre en effet, puisque tout doit un disparaître un jour, mais que cette absurdité est belle ! Jim va sûrement s’en rendre compte.