Posté(e) mardi à 21:02 Tout allait très mal dans le monde immonde et l'amour à marée basse attendait en pleurant le retour de l'océan qui ne correspondait plus au calendrier. Un poète, avec un manteau rouge, Tim Hagine, avait les yeux perdus dans un rêve que la réalité assassine au comptoir des brèves. Pauvre rêveur que tout écorche ! Poète qui guette sous un porche un monde meilleur ! Son stylo à encre, petit-fils de son porte-plume, lui faisait la gueule depuis plus d'un mois, et il avait beau tourner son capuchon avec tendresse , caresser sa plume dans le sens du plein et du délié, rien n'y faisait. Tim avait de plus en plus envie de fuir très loin, et il alla acheter une carte chez son ami l'antiquaire, Vishnou Lapaix. Une carte immense, historique, "la mappa Mundi d'Albi". De quoi imaginer une autre poésie. Après plusieurs semaines de recherches, il trouva un petit point sur l'océan pacifique, presque effacé, au sud-ouest de la côte costaricaine. Il l'entoura avec un bic rouge et ne pensa plus qu'à lui. Il écrivit à un vague cousin, frère de deux nonnes dans le Viscomtat, ancien pirate de son état, qui lui répondit avec enthousiasme et moult conseils ; bien qu'il eût de l'asthme il lui souffla ses encouragements imagine et tout sera vivant, lui dit-il pour conclure. Tim vendit toutes ses affaires, son manteau rouge y compris, - bien qu'il lui rappelât une fameuse nuit dans un bouge où il perdit son innocence - avec le besoin de se défaire de tout pour une nouvelle vie ; il retourna chez l'antiquaire son ami, où il acheta un magnifique sac à dos, un poncho, un appareil photos, une tonne de feuilles format A3, de l'encre, des buvards, un maillot vert avec des nénuphars, une chemise à fleurs et toutes sortes d'autres choses dont il avait fait la liste avec soin avec l'aide de son cousin. Vishnou lui souhaita bon voyage en agitant ses quatre bras, un peu jaloux de ce branle-bas, quand même. Et ce fut le départ ! Même le stylo à encre était tout excité et se retenait de gicler, malgré son envie pressante ; Tim Hagine, malgré la fatigue, avait le cœur en joie et dévorait des figues comme si c'était la dernière fois. Les premiers jours furent idylliques, Tim écrivait des poèmes sous les cocotiers en admirant les clairs de lune et il se disait à part lui qu'il aurait pu faire fortune si seulement si ; il nageait dans le turquoise, oubliant complètement la vieille pendule comtoise que lui avait léguée son oncle Ambroise Bienlepetit qui contenait pourtant un message qu'il n'avait pas traduit. Un soir, alors qu'il sirotait un cocktail à l'huile de coco, qu'il avait oublié la déshumanité, les pieds en éventail et qu'il chantonnait une vieille rengaine, il entendit un bruit étrange venant de la forêt. Intrigué, il secoua ses boucles brunes blanchies de sel et du temps qui passe sans pitié et posa son stylo … ( à suivre. Ou pas !) (joailes -) 11 mars 2025
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