Posté(e) 5 février (modifié) Dans un petit village en forme de fromage, il est une immense grange un peu étrange, où se réunissent des personnages sortis de leur cage, pour trouver un peu de réconfort. Ainsi un pingouin stressé, sans bagage, s'y était échoué et avait pris goût au Roquefort, qu'il dévorait sans effort. Ce fut le premier à s'inscrire au club, et beaucoup d'autres ont suivi. Un flamant rose en tutu à paillettes vint à son tour déguster les fameuses Bûchettes de brebis dont lui avait parlé une amie ; un hamster en tenue de gangster fit une entrée très remarquée avec sa traction avant, et lorsqu'il goûta le Camembert, il déposa ses armes au vestiaire, après. Rapidement, à l'accueil, je fus envahie par des souris qui se plaignaient de ne pouvoir grignoter les trous des Gruyères et par des écureuils avec des clés à mollette, friands de la Mimolette. On dit que la nuit tous les chats sont gris mais ce n'est pas vrai, j'en ai vu des roux qui adoraient le Chabichou. Bien sûr, il y eut des chiens qui se jetèrent sur le Saint-Marcellin et puis des girafes friandes de Reblochon parce qu'elles avaient le cou long, et faisaient la fête dès qu'elles entendaient parler de tartiflette. J'ai même dû aller chercher une bande de lézards à la gare St Lazare, qui, par un heureux hasard, avaient entendu parler du Moelleux du Revard. Et je n'ose parler de la famille de sapajous qui arriva en plein mois d’août alors que nous étions complets, pour goûter la fameuse Fourme d'Ambert, recommandée par leurs pairs. Bref. J'en reviens à mes moutons, ceux que l'on compte le soir pour s'endormir, qui avaient cassé leur tirelire pour s'offrir un séjour au club et qui avaient dévoré tous les Brie. Une fois par semaine, j'invite les vieilles pies qui ne jurent que par le brebis, et je dois les fournir en Ossau-Iraty. Je viens de recevoir une médaille et j'en suis très fière ; dans mon petit village plein de courants d'air comme le Gruyère, j'ai fait de ma grange un endroit festif où tous ceux qui s'arrachaient les tifs n'utilisent leur canif que pour se couper une tranche de fromage. Ici, point de manif', chacun est actif et c'est la paix. On déguste après de dures journées une Tomme ou un Tourret et nul ne songerait à faire tout un fromage de ses idées. Le mercredi, c'est fermé, je fais les comptes et m'occupe du stock de Conté ; de Gorgonzola et de Saint-Nectaire, je n'en ai pas l'air mais il me faut à présent être sévère pour refuser des clients, alors quand la nuit tombe je vais dans l'antichambre où quelques pauvres membres demandent asile ; forte de son succès la grange devient trop étriquée. J'envoie une demande au maire pour qu'il me concède le droit d'occuper les trois autres granges à côté afin que je puisse répondre à la demande. Je joins un fromage de Hollande, dont je sais qu'il est féru, surtout que je sais pour qui il a voté. Demain je dois me lever très tôt, j'attends un arrivage de Pecorino ; je jette un dernier coup d’œil à mes clients, je me fais deux tartines de fromage fondu et la Vache qui rit me fait un clin d’œil. Sur le seuil, attendent déjà les premiers clients de demain. Avant de tirer le rideau, je vois monsieur le maire derrière sa fenêtre en train de déguster un bon fromage corse avec des vers, un grand sourire aux lèvres et je n'ai pas de souci à me faire. Je mange une poire, me retire dans mes fromages*, au moyen-âge et j'oublie mon âge car tout ceci n'est pas très sérieux. Le corbeau arrive et le renard le regarde d'un air suspicieux. Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute … dame ! Un bon morceau d'Edam ! Je mets mes boules Quiès, me brosse les dents, peigne mes cheveux en tresse, sans stress … je m'endors paisiblement. (joailes -) 5 février 2025 from age * depuis mon âge, en quelque sorte , en anglais avec un morceau de cheddar me retire dans mes fromages* expression qui signifie : « trouver un job tranquille et bien payé » L’origine de l’expression provient de la Fable de La Fontaine : « Le rat qui s’est retiré du monde » Modifié 5 février par Joailes
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