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Posté(e)

 

                       Ça n’allait plus, là-dedans ! On sentait bien que les corps célestes se déréglaient. La gravité perdait de son sérieux, les planètes n’en faisaient qu’à leur pôle Nord, peu ou prou,. Les horloges omettaient les secondes et les heures traînaient indéfiniment. L’espace-temps n’était plus qu’une vieille maquette à laquelle manquaient des pièces, détachées. Les atomes eux-mêmes étaient mités, pleins de trous. On n’en finissait plus, à vouloir les réparer, de désemboîter les quarks, divisibles à l’infini. Le pire est que tout le monde s’en foutait ! On se croyait protégé par un parapluie cosmique phénoménal encore à inventer. Mais la plupart des êtres pensants se consolaient de tout en récitant Maître Pangloss : « Tout est pour le mieux » etc. Les humains, en particulier, s’adonnaient sauvagement à un hédonisme régressif, immédiat, voire barbare. Apprenant, par exemple, que Mars est recouverte de glace orange, l’idée les prit de s’y précipiter pour en faire un nouveau produit de consommation à exploiter et vendre. A grands coups de spots publicitaires, on se vantait d’ « une mise en orbite autour du sorbet rouge » ! Les réseaux sociaux, cette lèpre, fut mise à contribution contre primes. On s’approchait du sol martien à le raser, un bras électronique vous creusait la glace et on vous servait ça avec un cocktail. Elon Beurkh s’était arrogé le monopole. Les voyageurs étaient trop contents de fuir un moment la planète plus grise que bleue où il pleuvait continument toute l’année d’un côté, tandis que tout grillait de l’autre. Le problème, c’est que les voyageurs pour Mars étaient si ravis qu’ils disparaissaient une fois sur deux. Une femme trentagénaire en était revenue par le plus grand des hasards. Le témoignage de sa captivité époustoufla : des nomades extraterrestres, affirmait-elle, comme les bédouins de notre Sahara, se cachaient sur les faces dérobées à l’observation de notre co-planète. « Avez-vous souffert ? – Non, bien au contraire, ils m’ont emmenée au bord de la mer de Tranquillité sur la lune. Ils sont beaux, intelligents et font merveilleusement l’amour !  De vrais gentlemen-poètes ! » Ces mots firent la une des journaux que plus personne ne lisait sur Terre, l’analphabétisme y étant devenu exponentiel.

 

A mon cadran solaire, c’est l’heure de se taire.

Alors, je résume : crac ! l’univers se délite. Crac-crac ! sur Mars on s’excite.

Je m’aperçois que ma plume a dérivé, malgré sa boussole atomique.

Je ne sais pas où je vais me retrouver au prochain épisode !

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