Posté(e) 31 janvier (modifié) Il y eut d’abord la Cassandre des glaces qui fit claquer ses doigts et les océans se soulevèrent, conquérants anarchistes, ils gobèrent un à un tous les déserts. Puis les arbres se battirent, rangés comme guerriers, géants terribles aux armes radicales, massues virevoltantes et l’air fut un toxique enfer. Alors la nuit tomba pour plusieurs siècles et ce fut une insomnie glaçante où se gelèrent tous les rêves, on les entendait éclater et se fendre en mille débris puis devenir poussière. A la sortie de l’ultime clair-obscur, il n’y avait plus d’amour. Chacune, chacun cherchait autour de soi, autour de l’âtre, où réchauffer son cœur : rien. Tout sec. Peut-être dans l’auge ? Il s’étira mille lustres sur l’aile moisie du temps. Quelque chose tremblait dans les replis brûlants de l’air. On en est presque sûr : c’étaient les premiers visiteurs des étoiles lointaines. Un instant, l’univers fut prêt à se rétracter. On fit des paris sur son avenir. On se crut revenu à l’inflation cosmique, à l’assaut du mur de Planck. Certains disaient : voyez la Main ! Elle régule tout, soyez tranquilles. Mais cela voulait dire : ordonnez-moi, obéissez. Personne ne vit jamais de main, mais on la sentit passer. Quand les vents se furent ligués, les foules se mirent à danser sous leurs coups cinglants, jusqu’au délire, tout était tiré par les cheveux, il ne restait rien debout de cohérent, ni boussoles ni grenouilles. Et moi, j’allais pieds nus sur des charbons ardents. Mon ombre me guidait aux sommets des collines où je quêtais les joyaux épars de temples brisés. Car la Terre déchaînée fut par l’Etoile bannie et la voici qui vogue dans un futur proscrit et la vie s’en retire comme elle est apparue. Modifié 31 janvier par Thy Jeanin
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