Posté(e) 13 janvier On ne l'éprouve pas, l'on vit à l'intérieur. C'est la gifle reçue qui ne fut pas rendue C'est le délice amer, la vengeance prévue Qui tuera en autrui ce laid regard rieur. Mais la vengeance est rare. Plus souvent, il aime De ces amours haineux envers les ennemis Devant qui rampe un être douceâtre et soumis. Parfois amour-pitié parfum de chrysanthèmes : Amour de la misère perçue en autrui, Amour qui rapetisse, amour qui amenuise Un être méprisé, qui s'y noie, s’y enlise Dans des sables mouvants. Il vaut mieux être haï. Il se complaît dans ce qu’on ne peut vérifier : « Si j'avais pu répondre, j'aurais fait ceci, Si le monde était tel que pût s’y déployer Une force qui n'est peut-être pas ici. » C’est parfois nonchalance : désir de prouver, Par le refus du jeu, que l’on est au-dessus. Non seulement l’on peut, mais on les laisse jouer, Car, superbe, on méprise ces enfants qui suent. C’est parfois le dandysme, parfois le cynisme : Je ne fais qu’à moitié ce que je fais pourtant, C’est pour me divertir et pour passer le temps : Je n’ai jamais fait preuve de compétitisme. La colère vaut mieux : le pur déchirement Et la pure tension : n’être plus que la corde De cet arc que l’on bande. « Elle est laide, la horde. Je suis fier. » Est-ce encore le ressentiment ? Sens l’être s’endurcir, et ne plus se répandre En l’autre qu’on révère, en l’autre que l’on hait. Apprécie le défi et le déterminé, La clarté incisive. Ne sois pas si tendre, Sois conscient de la haine, toujours plus solide, Toi qui naguère fus enclos à l’intérieur Et comme asphyxié, et ce regard rieur Fais-en comme une force, et ce goût si acide, Fais-en de l’énergie. Bannis l’amour qui ment Et la honte en laquelle on s’englue. Il est tard. Avant de te noyer dans le ressentiment, Transfigure, sans violence. Il y faut tout un art.
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