Posté(e) 10 janvier Mes pensées n'avaient plus de couleur, et j'étais Comme défiguré ; je voyais défiler Des pendus, dans un rêve, au-dessus d'un torrent Où j'étais emporté. Dans cet appartement, Rue Masséna, j'étais parfois heureux aussi, D'un bonheur aigre-doux. Seul, un mort est à même De voir, désengagé, la beauté de la vie. Je ris un peu de moi, il faut bien que l'on s'aime. Je ris, mais c'est sérieux : en janséniste athée, Je ne croyais en Dieu pas plus que dans ce monde, J'habitais un milieu bizarrement ouaté, J'élargissais un creux, y bâtissais un havre De mort, je m'y sentais comme un poisson dans l'onde, Mon rire était déjà le rire d'un cadavre, Quand je t'ai rencontrée... Je sais, à la couleur D'un choix, semblable à celle d'une opale am- Brée que ce choix est le bon. Il m'évoque l'em- Brasement d'un ciel d'automne. La valeur Que j'accorde aux possibles tient à presque rien. Je parlais de Pascal, j'en parlais pourtant bien, Mais j'attendais l'amour pour pouvoir m'y dissoudre, Et pour qu'il galvanise une force épuisée, Que par l'amour je me sente enfin justifié, J'y cherchais le salut, en somme, et de la poudre À canon. Mon fou rire masquait déjà très Mal un grand désarroi, quand je t'ai rencontrée.
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