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Posté(e)

Mes pensées n'avaient plus de couleur, et j'étais

Comme défiguré ; je voyais défiler

Des pendus, dans un rêve, au-dessus d'un torrent

Où j'étais emporté. Dans cet appartement,

 

Rue Masséna, j'étais parfois heureux aussi,

D'un bonheur aigre-doux. Seul, un mort est à même

De voir, désengagé, la beauté de la vie.

Je ris un peu de moi, il faut bien que l'on s'aime.

 

Je ris, mais c'est sérieux : en janséniste athée,

Je ne croyais en Dieu pas plus que dans ce monde,

J'habitais un milieu bizarrement ouaté,

 

J'élargissais un creux, y bâtissais un havre

De mort, je m'y sentais comme un poisson dans l'onde,

Mon rire était déjà le rire d'un cadavre,

 

Quand je t'ai rencontrée... Je sais, à la couleur

D'un choix, semblable à celle d'une opale am-

Brée que ce choix est le bon. Il m'évoque l'em-

Brasement d'un ciel d'automne. La valeur

 

Que j'accorde aux possibles tient à presque rien.

Je parlais de Pascal, j'en parlais pourtant bien,

Mais j'attendais l'amour pour pouvoir m'y dissoudre,

Et pour qu'il galvanise une force épuisée,

 

Que par l'amour je me sente enfin justifié,

J'y cherchais le salut, en somme, et de la poudre

À canon.  Mon fou rire masquait déjà très

 

Mal un grand désarroi, quand je t'ai rencontrée.

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