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Posté(e) (modifié)

Les yeux dans le brasier céleste, Popouette se mit en devoir de réciter une prière au Très-Brillant, qu’il avait apprise des vieux chênes de la forêt rescapés des temps diluviens. Certains, aussi barbus que lui, étaient comme lui couverts de gui, collés là à supputer indéfiniment si le temps du monde fini entrerait en lunaison. Partout alentour, mésanges et pinsons faisant sans solution de continuité leurs gorges chaudes de la situation, encouragés en cela par les moqueries méruliennes, Popouette se sentit autorisé à rompre racine pour gagner le temple proche. A peine accéda-t-il au nemeton, tant il fut pris dans un tourbillon de cris et de mouvements ! La gent sylvestre se bousculait à qui mieux mieux pour entrer à la queue leu leu vers le parvis, sans vergogne et même sans queue. Il se crut mille et une fois piétiné par la meute lorsque enfin, celle-ci, à la plus belle des brunes, se mua en une solennelle procession. Popouette tâchait de zigzaguer pour la sacristie gagner. Ce fait, il monta en chaire et en voix. L’assemblée fit silence, les simplets cherchant à distinguer l’ange passant autour des blancs chapiteaux. Alors, il salua, d’un arc en dos des plus gracieux. « Voici, dit-il. Je vais faire la messe, car le jour durant, j’ai sublimé mon cœur. Le vôtre est bienvenu en ces temps qui  tendent aux sages leur escalier. Vous, tendez l’oreille, je vous prie. - D’avance, nous t’en rendons grâce !» répondit la foule en chœur. Et les voûtes acquiescèrent par de longs échos. Alors, Popouette s’assit, suspendit ses mains et retentirent les grandes orgues, mettant en branle, en guise d’introït, chacun de ses tuyaux. Et l’on s’envola dans de somptueuses arabesques de sons profonds et sublimes, de carillons formidables en vire voltes majestueuses, de splendides rayonnements en velours ouatés et  subtils flûtis, d’harmonies puissantes en ronrons chaleureux. Popouette assis sur la banquette ne cherchait plus à comprendre depuis l’aube des temps. Sa tête était redevenue un immense nuage à foudres d’argent, tandis que ses mains trottaient toutes seules sur les claviers d’ivoire, ses pieds dansant l’effleurement des pédales.  Ce fut là un merveilleux voyage, une cristalline extase. La suite, il ne s’en souviendrait pas, ne revenant jamais sur terre qu’à nuit morte, -s’entend : de plaisir. Cette fois encore, il transcenda le temps et son petit cœur se remit en lévitation au royaume des heureux.

 

 

 

 

 

Modifié par Thy Jeanin
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