Posté(e) 3 décembre 2024 J'ai dans ma cabane en rondins de bois un grand bureau de chêne où sont, en quarantaine, atteints de je ne sais quelle maladie, quelques rondeaux divers ; - pour lecteurs superstitieux, ils sont à bannir- des chansons inachevées qui cherchent leur refrain, de longs poèmes à faire pleurer les clowns et les baladins ; ils attirent la poussière et les cendres des feux de bois et puis il y a aussi quelques ballades, des odes, des lais et même des acrostiches mais le plus incongru, c'est cette imposante balance d'autrefois, avec ses poids qui surprend le randonneur égaré affamé en quête de chaleur. A quoi sert-elle ? finit-il toujours par demander une fois mis en confiance, sur le ton de la confidence. C'est tout un rituel, vous savez. Les lumières sont tamisées, asseyez-vous, je vous sers un café. Voyez, elle me sert à peser mes mots. Et je lui montre l'importance des paroles, de l'écriture jetée sur tant de feuilles blanches selon le cycle des saisons, de tous ces mots à perdre la raison. Imaginez un poème écrit quand le soleil est au zénith et que la brise apporte des parfums de monoï quand la mer se prélasse, tiède … un autre, paré des couleurs aux limites du bonheur qui se place en orbite tout près du cœur … et puis les autres, tous les autres, quand les démons maléfiques sont les plus forts … Je pèse, voyez-vous et je mélange mots durs et mots doux … vous savez, je ne suis pas un ange ! Le visiteur semble égaré je crois qu'il me trouve étrange je l'emmène dans la salle à manger et lui sers un canard à l'orange que Catherine de Médicis avait beaucoup aimé. Bah ! Je ferais mieux de cuisiner plutôt que d'écrire ! Mais j'entends la balance qui, tout bien pesé, s'écrie : Non, pitié ! Le canard est mangé, l'homme s'en va tu restes seule avec les poids sur les plateaux de cuivre l'automne se meurt déjà voici l'hiver et, pour survivre, écris donc quelques vers ! La cuisine est éteinte et la plume est d'astreinte (joailes ---------------) 3 décembre 2024 2 1
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