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comment_184749

                    Dans la maison grande ouverte le vent est entré. Il dansait, je me suis laissé inviter. A peine étais-je dans ses bras que je me suis retrouvé transporté sur la montagne. A marée haute, il y avait des nuées de neige et, dès que celle-ci fondait, la mer refluait. C’était faute de suroît, lequel perdait le sens, disait l’étoile majeure.

 

Je n’écoutais qu’elle, alors. Son chant ressemblait plus aux psaumes du lamantin qu’aux divagations des sirènes, dont on sait le style pompier. Mais je ne m'en souciais guère car, d’un coup de plume, je choyais sur la lune qui charriait tout un monde matois, quoique de bon aloi.

 

En fait, c’est mon chat. Il était installé sur l’astre d’argent dans un luxurieux panier percé et bercé par la musique des sphères, - je vous donne à deviner lesquelles. Minet avait sa salle des sports et roulait dans la farine tous les marquis de Charabia. Son vélo était du tonnerre d’Uranus. Il m’a, un dimanche, emmené pêcher avec Neptune. Nous n’attrapâmes aucun poison, que du plaisir.

 

Là-haut, les orgasmes comme les orages se prennent au filet. Ils sont bien plus forts que sur Terre. Pour se dire au revoir, on monte sur les genoux de la Grande Ourse, droite dans son fauteuil comme un phare sur la grande flaque laissée par le Big bang.

 

Les nuits limpides, on voit des astéries partout. Les étoiles ont pris leur place dans les grands fonds. Quand elle a terminé de montrer son grand livre d’images, on s’endort. Quand on ouvre les yeux, il n’y a plus d’encre dans le lagon bleu. Drôle d’encrier ! Il faut parfois trois éternités pour retrouver sa plume là où on l’a laissée.

 

Dans ces cas-là, la mer s’absente. A la place, il y a le désert où l’on va à dos de sable, perché sur un fameux chameau prêt, la brave bête, à partager l’eau. Jusqu’à ce que ce qu’on se dise que le Sahara, ça ira. Cela peut prendre aussi un temps incertain.

 

Autrefois, il y poussait des roses, c’est le renard qui me l’a dit. On erre loin du secret des dieux, sans prince ni berger, mais si le roi avait ses yeux pour constater ma nudité, il me jetterait à la mer dans une bouteille et, sûr ! je serais secouru un jour par une main jaillie de la nef des fous.

 

Un jour de grand vent, évidemment.

 

 

Modifié par Thy Jeanin

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comment_184779
Il y a 11 heures, Thy Jeanin a écrit :

Sahara, ça ira

Quand le vent rend fou le poète et l’entraîne dans des rêves cosmiques,  il lui permet également des trouvailles comme celle-ci, qui ravissent.

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comment_184857

Quand le chat, ce pacha, est là ... les souris dansent ... (sur le clavier) ! J'adore les marquis de Charabia qui écrivent en prose comme personne ! 💫

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comment_184875

Beaucoup de bonnes trouvailles comme d'habitude chez vous. Un poème pas triste comme ceux qu'on lit en ce moment sur le site à cause de la saison froide et le spleen qui l'accompagnent ; ce qui donne aussi parfois de bons poèmes. Un texte agréable à lire, écrit avec beaucoup de verve.