Posté(e) 29 novembre La nuit complice La nuit m'inspire. La nuit respire. J'aime ses ombres denses aux portes du silence, ses masses indécises, sa pesanteur sans mot. Arbres, maisons, rivages ? Des géants muets contemplent l’éternité, survivants du désert. Qu’importe l’apparence, toujours l’être demeure, la brume nous apaise. Tout vit d’une même vie, sans murmure et sans poids. L’ailleurs et le lointain n’ont plus guère de sens. Sans boussole, le monde se révèle et l’âme s’épanouit, telle une fleur ténébreuse qui s’ouvre dans le noir. Mais la pénombre est rarement complète. Toujours le ciel est lourd des heures à venir. Une émotion fugace tente de capturer l’instant pourtant si débonnaire, il dit sa vérité, les yeux fermés. Rien ne bouge et pourtant nul ne dort, la présence est constante, fidèle et sans requête. Tous les repères sont là en marge d’invisible, pyramides sans voix sous les astres voilés. Chaud tapis d’immobile, le haut berce le bas. Pense ! Il n’est plus de ciel désormais, il n’est plus de bitume, ni de sable diffus. L’humilité nous baigne, plus de prince ni d’esclave en ce monde muet. Juste une brise fine et ces formes sans âge. Nul besoin d’espérance ni de résurrection, tout est là de toujours. L’éternité se pose sur chaque instant muet. La cage renaîtra, alvéoles du jour, besoin d’activité, un monde à façonner sous le ciel cire d’abeille. L’aube viendra bientôt et la journée grinçante va bruire d’épouvante. Les piaulements d’autrui se feront tintamarre, vite, vite, le jour va naître, ses contraintes, ses douleurs, ses bonheurs dérisoires. Les âmes revenues sous le soleil du temps seront toutes enserrées dans mille dés à coudre. Les tiges et les ongles, sur la portée de l’heure, graveront leur histoire dans une symphonie de plaintes et de cris. Les songes sont en fuite. Sur la pente savonneuse, messire Diable ricane dans le jour revenu. Son chien aboie. FIN
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