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C’est un matin qui prend son temps

remontant précautionneusement

le mécanisme de sa montre à gousset

comme si la ligne d’arrivée se percevait

sans aucune appréhension

 

Assis à une table

deux hommes viennent de se saluer

 

Le premier arrivé

parcourt attentivement le journal régional

casquette vissée sur la tête

cheveux longs rappelant un profil d’anar à la Caussimon

avec pour camarade un café serré dans sa tasse

apporté par Nathalie et ses mots aimables

 

L’habitué d’après

accueilli par son prénom dès la porte ouverte

répond d’une voix souriante

ouverture d’un duo

tout en délicatesse

tout en complicité

 

Le menu écrit à la main sur un tableau noir

par la dame à qui l’on aime se confier

est déjà une invitation à retrouver

une proche parente de la salle à manger familiale

et les vieilles photographies

en noir et blanc rendent hommage à l’ancienne ville

comme on lève son verre aux chers disparus

 

Les deux anciens en attendent d’autres

pour vraiment commencer la journée

celui à la casquette s’imprégnant des nouvelles

pour n’être pas en reste lors des échanges à venir

celui d’en face rêvant encore

le regard brumeux perdu dans sa nuit

peut-être de garde des petits-enfants

ou peut-être froide comme les mégots

abandonnés dans un vieux cendrier

ou encore remontant les méandres d’un passé

toujours à réinventer

 

Le quart d’heure suivant

offrira aux quatre chaises attenantes

quatre colonnes vertébrales habituées

à l’avenante courbure des dossiers de bois

 

L’animation grandira

comme un été en novembre

comme ces places de villages qui s’animaient après la messe

le parfum de l’arabica embaumera

et ainsi se redresseront les carcasses

dans un brouhaha de voix qui s’affirmeront

sachant que n’est jamais trop loin du percolateur

l’oreille complaisante de la presqu’amie

 

Renaissance de ces usés de l’existence

des sourires peu à peu

emporteront les rides et le terne des visages

pour puiser dans les forces de chacun

et affronter les heures à venir

les mains prêtes à en découdre

en dépit de leur taches

en fleurs de cimetière

 

Dans ce havre de compassions pudiques

se déploiera la plus ancienne

des thérapies de groupe

sarcasmes pour commenter un monde en perdition

La Méditerranée sera bientôt sous l’eau

 

A un euro vingt la séance

ils auraient tort de se priver

 

 

 

 

 

 

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