Posté(e) 31 octobre J'attends ma copine Ambroisine -avant, c'était Bécassine, mais nous nous sommes fâchées pour une sombre histoire de poisson pas frais-, Aline, ma cousine, ainsi que quelques potes irlandais en qui j'avais toute confiance pour passer la meilleure nuit d'Halloween. J'ai préparé un bon film tout plein d'hémoglobine pour nous faire monter l'adrénaline, il faut qu'elle revienne, à nos âges avancés on n'a plus de temps à perdre. Je suis allée au supermarché acheter quelques gagdets du plus haut effet : grosses araignées velues, squelettes robotisés dont je n'ai pas encore lu la notice, têtes de zombies et autres masques jubilatoires, lanternes colorées, cercueils téléguidés et bien sûr, trois sacs de bonbons et une bonne bouteille de Guiness. Mon chat, Samain, était venu me lécher la main, ce qui ne lui arrive que très peu souvent, quand je lui offre du mou que mon boucher veut bien me mettre de côté en échange de mes recueils qui, dit-il, le font bien rire, le soir à la veillée. J'avais dû le rassurer en lui racontant l'histoire de Jack O'Lantern, jamais consolé d'avoir dû échanger son navet contre une citrouille pour foutre la trouille dans son quartier. Depuis le matin, j'avais dû faire plusieurs voyages pour bénir à l'eau sainte tous les animaux de ma ferme et j'avais repeint le portail qui est maintenant tout vert. Pour ne pas être en reste, j'avais préparé un gros barnbrack où j'avais caché plein de petits objets, comme le veut la coutume, dont une lame de rasoir qui agrandira le sourire d'un de mes convives. Je suis très fière de mon déguisement, que la maîtresse du mari de ma sœur a bien voulu confectionner pour moi. Il en jette, comme on dit ! Comme j'habite près du cimetière, entre les cyprès, j'espère bien que quelques autres, famille ou amis, qu'importe, viendront se joindre à nous pour faire les fous. Ma montre s'est arrêtée, je ne sais donc pas l'heure qu'il est, mais tout semble prêt et j'attends, le cœur battant. Quand j'entendis grincer le portail, mes dents firent pareil et je vis arriver très doucement quelques zombies plus vrais que nature. Je ne sais pas si c'est de la confiture de fraise qui dégouline sur leurs capes noires rutilantes, mais, du coup, je pense à ma tante qui en faisait de si bonnes. J'espère qu'elle viendra, même si elle est aphone depuis qu'elle est partie au Canada. Des fois, elle me téléphone, et il est vrai que ses bruitages sont de plus en plus sophistiqués, depuis la grande avancée de la corde vocale sans fil qu'a inventée un docteur amateur de carpes. Je reconnais Ambroisine, la seule qui n'a pas vraiment changé avec ses longs cheveux noirs de jais emmêlés et sa chouette Proserpine sur l'épaule. Elle se jette dans mes bras et fait deux trous à mon cou pour me féliciter du mal que je me suis donnée ; ce n'est pas désagréable en soi, mais au bout d'un moment on se sent comme vidé de son sang. On se sent plus léger, c'est vrai, merci beau cou. A partir de ce moment là, la fête a vraiment commencé et je demande pardon à mes lecteurs car je n'ai pu continuer à écrire, vous savez bien que les vampires, les morts vivants, tout ça, ont bien autre chose à faire que de remplir des pages d'histoires susceptibles d'endormir les enfants ridicules qui croient dur comme fer qu'il existe un enfer. Je reviens de loin, m'a dit une femme obèse, au demeurant charmante et j'ai reconnu la comtesse de Bécu* dont la diligence avait survécu, et puis plein d'autres gens hilares qui racontaient des histoires à ne pas dormir de la nuit. Cette fête, vraiment, est des plus réussies, dommage, je dois vous laisser, abominablement vôtre, vous laissant sur votre fin. (joailes -------------) 31 octobre 2024 *allusion à une comtesse pour qui j'ai une affection toute particulière !! https://accents-poetiques.com/forums/topic/2597-y-avait-il-un-curé-dans-lavion-1/#comment-15549
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