Posté(e) 29 octobre 202429 oct. Semeur d’échos comment_182543 Que j’étais bien dans mon château, comme dans les bras d’une mère. C’était plein de poussière d’or – et quelle beauté : meubles, soieries, glaces, girandoles… ! Le Soleil toujours frappait avant d’entrer, il faisait la révérence dès qu’on avait ôté les panneaux de chêne des fenêtres. Au jardin, sur les talons de mon père, je pistais tantôt le fontainier conteur, tantôt l’ogre du potager, grand curateur de citrouilles carrossières. Aux alentours, dans les forêts denses où coexistaient les mondes les plus fantasques, était frappée d’interdit la chasse. Mais pas à l’église, pourvu que le fût d’un accent circonspect la châsse qui faisait béer les grenouilles du bénitier où s’étaient noyés tant de princes en leur mémoire apaisée. Je me rappelle quelques fantômes, la nuit, ombres errantes que la lune façonnait, incertaines, sur les murs ou qui pointaient sous les sévères commodes, impuissantes à briser mon sommeil. Autre chose étaient ces revenants qui moquaient carême en dansant le menuet ; ceux-là vous reposaient la tête aux épaules, il y avait foule et c’était comme si vous l’eussiez avec eux dansé. La cour était pavée, les chevaux tout le jour y piaffaient, faisant sonner les épopées. Il arrivait pourtant qu’elle restât vide. Alors toute la façade était plongée dans la contemplation. Et quand je me penchais, juché sur l’ardoise des toits, accroché à la flèche de la plus haute tour pour voir l’horizon, le vent du canon entonnait une ronde à réveiller les Maures. On appelait cela bien s’amuser et l’on rentrait se coucher dès que le soleil nous y intimait. Le soir, dans mes livres d’images, je cherchais qui est-on. Encor aujourd’hui, dans cet Epahd dantesque qui croule d’ennui, ses cachots emplis de plaintes... Certes mon château n’est plus que de sable, mais je me demande ce soir si, sous la lune fidèle et lasse, Zorro ne va pas surgir pour m’y ramener et je contemple le temps, ce drôle qui ne fait que passer, à califourchon sur la balustrade blanchie. Modifié 29 octobre 202429 oct. par Thy Jeanin
Posté(e) 29 octobre 202429 oct. Semeur d’échos comment_182554 Un joli texte, empli d'ombres dansantes !
Posté(e) 29 octobre 202429 oct. Semeur d’échos comment_182562 Comment ça, la vie en EHPAD n’est pas une vie de château ! Et pourtant vous ne faites rien, on subvient à tous vos besoins, on vous assiste même pour les faire ou vous en protéger, au pire vous en nettoyer. Alors, votre nostalgie du château de votre enfance, vous repasserez !
Posté(e) 30 octobre 202430 oct. Semeur d’échos comment_182576 Tant qu'on a encore le pouvoir de rêver, on est sauvés ! 😉 Un cavalier qui surgit hors de la nuit, court vers l'aventure au galop. Son nom, il le signe à la pointe de l'épée, d'un "Z" qui veut dire "Zorro".
Posté(e) 30 octobre 202430 oct. Auteur Semeur d’échos comment_182630 Le 29/10/2024 à 22:15, Jeep a écrit : Comment ça, la vie en EHPAD n’est pas une vie de château ! Et pourtant vous ne faites rien, on subvient à tous vos besoins, on vous assiste même pour les faire ou vous en protéger, au pire vous en nettoyer. Alors, votre nostalgie du château de votre enfance, vous repasserez ! Idéalement, cher Jeep, idéalement! 🤔🫣