Posté(e) 13 octobre 202413 oct. comment_181287 Le vers est dans le vin III C'est au cours d'une errance où la vie m'a jeté Qu'en décembre au troquet je me suis arrêté. Ici point de manières. Advienne que pourra Là où le frichti sied le jambon beurre ira. La peine et l'amertume viendront par habitude Y noyer le trop plein d'une âpre solitude; Et le cœur en jachères et l'âme en déshérence Céder leur amour propre à d'autres répugnances Au fond d'arrières salles aux murs jaune pisseux. Moi, toute honte bue je me mêlais à ceux Que seule une liqueur réconforte et console. Qu'importe le flacon pourvu que l'on picole.. Et se vide les poches à s'enfiler des chopes. Ivre, clopin-clopant; les poumons pleins de clopes Le pitre à la trompette y contrepète et rit; Encore un coup de rouge et l'homme sera gris.. Le verre à moitié vide au beau milieu des flots Où l'alcool surement prend la place de l'eau. Le tapage étrange de noceurs au vin gai M'on laissé le cœur triste et le corps fatigué. Cruches et carafons sur l'onde tanguent et roulent Tandis qu'au fond de moi tous les paquebots coulent. Le feu rouge des phares à l'autre bout du port Darde sur l'océan des reflets d'astre mort Cependant qu'au néant de ces méandres sombrent D'effarantes comètes aux chevelures sombres. GB_13102024 Modifié 15 octobre 202415 oct. par Filae77
Posté(e) 13 octobre 202413 oct. comment_181294 Un poème réaliste au langage cru et fort, tableau très réussi de certaines pratiques d'hier et d'aujourd'hui. Le final est tout à fait magnifique ! "Au fond de moi", il y a vraiment beaucoup de belles choses !
Posté(e) 13 octobre 202413 oct. comment_181299 Bonjour Gérard ! J'ai plutôt l'impression que tu as le vin triste et que le verre est dans le vain ! ne manque plus que l'odeur de la morue et les dames de petite vertu et on se croirait à Amsterdam 😊
Posté(e) 13 octobre 202413 oct. comment_181303 Un titre ingénieux. Des contrastes saisissants. Une profonde mélancolie entretisse ces vers et étreint le lecteur, @Filae77.
Posté(e) 13 octobre 202413 oct. Administrateur comment_181310 Le final est splendide Gérard. Et sans doute vos mots sont-ils d'autant plus plaisants à lire que vous vous faites rare ces derniers temps.
Posté(e) 13 octobre 202413 oct. comment_181323 J'ai songé premièrement à Rabelais, et puis non, c'est Verlaine que j'ai vu, avec Manet, devant son verre d'absinthe, c'est-à-dire de spleen. En même temps, un coup de rouge, c'est inévitable en automne, non? Tu es trop rare, Gérard. Mais chaque fois, tes vers m'impressionnent. Ils sont du meilleur cru. 💫
Posté(e) 13 octobre 202413 oct. comment_181331 Toute une ambiance dans ces vers de picole prête à la tromperie (pitre à la trompette).
Posté(e) 14 octobre 202414 oct. comment_181350 L'univers des bistrots peut posséder sa poésie, vous l'avez prouvé. La finale s'évade vers l'étrange. Quelques remarques d'ordre prosodique: Ici point de manières. Advienne que pourra Ici, il ne s'agit pas d'un alexandrin, mais de 2 vers hexasyllabes présentés sous l'aspect visuel d'un alexandrin. Varier le mètre à l'intérieur d'un poème n'est pas une hérésie, c'est ce que fait La Fontaine, toutefois toujours par un retour à la ligne. Pareil dans: La peine et l'amertume viendront par habitude L'apocope du e (de amertume) permet d'obtenir le rythme de l'alexandrin. pas académique, mais concevable ou bien, si on marque un arrêt après amertume, ce sont 2 hexasyllabes Dans le syntagme suivant: Le tapage étrange de noceurs au vin gai Là on peut le concevoir comme un pentasyllabe suivi d'un hexasyllabe si on marque un arrêt après étrange. En fait, on ne peut pas connaître la prosodie si le vers n'est pas déclamé
Posté(e) 14 octobre 202414 oct. Auteur comment_181356 Merci @Ferrandeix pour ces remarques d'ordre technique, laquelle n'est pas mon fort; me fiant surtout à mon oreille et au feeling. Merci encore de vous être donné la peine d'un passage sur mon texte. Gérard😋
Posté(e) 14 octobre 202414 oct. comment_181359 De retour du pays des utopies, @Filae77 nous enchante encore. Au top !
Posté(e) 14 octobre 202414 oct. comment_181408 Le 13/10/2024 à 10:10, Filae77 a écrit : Cruches et carafons sur l'onde tanguent et roulent Tandis qu'au fond de moi tous les paquebots coulent. Le feu rouge des phares à l'autre bout du port Darde sur l'océan des reflets d'astre mort Cependant qu'au néant de ces méandres sombrent D'effarantes comètes aux chevelures sombres. Un poème inventif, parsemé d'humour, aux sonorités soignées, qui finit en apothéose avec ses vers oniriques d'une beauté sauvage. ⭐
Posté(e) 14 octobre 202414 oct. comment_181410 Un poème-histoire qui se lit tout seul, j'embarque et me voilà surprise qu'il se termine déjà. J'aime ce ton qui donne vie aux personnages.
Posté(e) 15 octobre 202415 oct. comment_181418 La comète, qui ces jours nous fait signe, vous a bien joliment inspiré… Et avec escient, elle emportera bien loin les vapeurs maléfiques de nos vieux cabarets… Merci cher @Filae77 !
Posté(e) 15 octobre 202415 oct. Auteur comment_181441 Merci à vous ami(e)s poètes du forum pour votre passage sur mon texte et des remarques dont j'essaierai de tenir compte. @Diane, @Sophie, @Eobb, @Eathanor, @Tarentaise, @Martialys, @Marc Hiver, @Thy Jeanin, @Alba, @Illiz, @Jeep, @Ferrandeix, @Danivan Gérard_Filae77😋