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Featured Replies

Posté(e)
comment_181287

Le vers est dans le vin III

C'est au cours d'une errance où la vie m'a jeté

Qu'en décembre au troquet je me suis arrêté.

Ici point de manières. Advienne que pourra

Là où le frichti sied le jambon beurre ira.

La peine et l'amertume viendront par habitude

Y noyer le trop plein d'une âpre solitude;

Et le cœur en jachères et l'âme en déshérence

Céder leur amour propre à d'autres répugnances

Au fond d'arrières salles aux murs jaune pisseux.

Moi, toute honte bue je me mêlais à ceux

Que seule une liqueur réconforte et console.

Qu'importe le flacon pourvu que l'on picole..

Et se vide les poches à s'enfiler des chopes.

Ivre, clopin-clopant; les poumons pleins de clopes

Le pitre à la trompette y contrepète et rit;

Encore un coup de rouge et l'homme sera gris..

Le verre à moitié vide au beau milieu des flots

Où l'alcool surement prend la place de l'eau.

Le tapage étrange de noceurs au vin gai

M'on laissé le cœur triste et le corps fatigué.

Cruches et carafons sur l'onde tanguent et roulent

Tandis qu'au fond de moi tous les paquebots coulent.

Le feu rouge des phares à l'autre bout du port

Darde sur l'océan des  reflets d'astre mort

Cependant qu'au néant de ces méandres sombrent

D'effarantes comètes aux chevelures sombres. 

 

 

GB_13102024

Modifié par Filae77

Posté(e)
comment_181294

Un poème réaliste au langage cru et fort, tableau très réussi de certaines pratiques d'hier et d'aujourd'hui.

 

Le final est tout à fait magnifique !

 

"Au fond de moi", il y a vraiment beaucoup de belles choses !

Posté(e)
comment_181299

Bonjour Gérard !

J'ai plutôt l'impression que tu as le vin triste

et que le verre est dans le vain !

ne manque plus que l'odeur de la morue et les dames de petite vertu

et on se croirait à Amsterdam  😊

Posté(e)
comment_181303

Un titre ingénieux. Des contrastes saisissants. Une profonde mélancolie entretisse ces vers et étreint le lecteur, @Filae77.

Posté(e)
  • Administrateur
comment_181310

Le final est splendide Gérard. Et sans doute vos mots sont-ils d'autant plus plaisants à lire que vous vous faites rare ces derniers temps.

Posté(e)
comment_181323

J'ai songé premièrement à Rabelais, et puis non, c'est Verlaine que j'ai vu, avec Manet, devant son verre d'absinthe, c'est-à-dire de spleen.

En même temps, un coup de rouge, c'est inévitable en automne, non?

Tu es trop rare, Gérard. Mais chaque fois, tes vers m'impressionnent. Ils sont du meilleur cru. 💫

 

Posté(e)
comment_181331

Toute une ambiance dans ces vers de picole prête à la tromperie (pitre à la trompette).

Posté(e)
comment_181350

L'univers des bistrots peut posséder sa poésie, vous l'avez prouvé. La finale s'évade vers l'étrange. Quelques remarques d'ordre prosodique:

 

Ici point de manières. Advienne que pourra

 

Ici, il ne s'agit pas d'un alexandrin, mais de 2 vers hexasyllabes présentés sous l'aspect visuel d'un alexandrin. Varier le mètre à l'intérieur d'un poème n'est pas une hérésie, c'est ce que fait La Fontaine, toutefois toujours par un retour à la ligne.

 

Pareil dans:

 

La peine et l'amertume viendront par habitude

 

L'apocope du e (de amertume) permet d'obtenir le rythme de l'alexandrin. pas académique, mais concevable ou bien, si on marque un arrêt après amertume, ce sont 2 hexasyllabes

 

Dans le syntagme suivant:

 

Le tapage étrange de noceurs au vin gai

 

Là on peut le concevoir comme  un pentasyllabe suivi d'un hexasyllabe si on marque un arrêt après étrange.

 

En fait, on ne peut pas connaître la prosodie si le vers n'est pas déclamé

Posté(e)
  • Auteur
comment_181356

Merci @Ferrandeix pour ces remarques d'ordre technique, laquelle n'est pas mon fort; me fiant 

surtout à mon oreille et au feeling. Merci encore de vous être donné la peine d'un passage sur mon texte.

Gérard😋  

Posté(e)
comment_181359

De retour du pays des utopies, @Filae77 nous enchante encore. Au top !

Posté(e)
comment_181408

 

Le 13/10/2024 à 10:10, Filae77 a écrit :

Cruches et carafons sur l'onde tanguent et roulent

Tandis qu'au fond de moi tous les paquebots coulent.

Le feu rouge des phares à l'autre bout du port

Darde sur l'océan des  reflets d'astre mort

Cependant qu'au néant de ces méandres sombrent

D'effarantes comètes aux chevelures sombres. 

 

Un poème inventif, parsemé d'humour, aux sonorités soignées, qui finit en apothéose avec ses vers oniriques d'une beauté sauvage. 

Posté(e)
comment_181410

Un poème-histoire qui se lit tout seul, j'embarque et me voilà surprise qu'il se termine déjà. J'aime ce ton qui donne vie aux personnages.

Posté(e)
comment_181418

La comète, qui ces jours nous fait signe, vous a bien joliment inspiré… Et avec escient, elle emportera bien loin les vapeurs maléfiques de nos vieux cabarets… Merci cher @Filae77 !

Posté(e)
  • Auteur
comment_181441

Merci à vous ami(e)s poètes du forum pour votre passage sur mon texte et des remarques dont j'essaierai

de tenir compte.

@Diane, @Sophie, @Eobb, @Eathanor, @Tarentaise, @Martialys, @Marc Hiver, @Thy Jeanin,

@Alba, @Illiz, @Jeep, @Ferrandeix, @Danivan

 

Gérard_Filae77😋