Posté(e) 3 octobre 20243 oct. comment_180453 Conquérants de l’inutile* À l’heure où les complies Enjoignent le glacier De calmer ses ardeurs De revêtir sa coule Et que le vent du soir L’assigne à résidence, Dans l’espace refuge* Tout au bord de l’abîme Fatigués des combats Soutenus tout le jour Dorment les conquérants Des sommets inutiles. * Le combat des séracs Entre le frêle esquif Et l’océan de glaces Assoupi par le gel Sur la grève endormie Dévoile le silence, Moment où les étoiles Par la terre oubliées Se disent leurs voyages À la queue des comètes Accrochent les volants Des rêves inutiles. * L’Étoile du berger Scintille à la lucarne Réveille les dormeurs Les cordes, les piolets S’agitent en cadence Devancent les grimpeurs, Les pas s’en sont allés Sur le glacier blessé La trace s’est effacée Là-haut les conquérants Sans regarder derrière Conquièrent l’inutile. (Tarentaise, le 3 octobre 2024) En lointains souvenirs du livre de l’alpiniste Lionel Terray, vainqueur de l’Annapurna « Les conquérants de l’inutile » Le refuge évoqué ici est l’ancien refuge de l’aiguille du Goûter (sur la voie de Mont-blanc). Refuge posé au bord de l’abîme et assailli par le glacier. Plusieurs fois pendant la saison, on devait scier les séracs pour préserver le refuge. - Illustration : Ancien refuge du Goûter (crédit photo https://kairn.com/montagne-alpinisme-lancien-refuge-du-gouter-ne-sera-pas-detruit/)
Posté(e) 3 octobre 20243 oct. Administrateur comment_180466 Poème qui pourrait illustrer la vanité des ambitions humaines à travers un jeu de contrastes entre une nature, sublime mais indifférente, et l'obstination de l'homme. Ironie de nos quêtes éphémères face à un univers qui ne cessera de nous échapper.
Posté(e) 3 octobre 20243 oct. comment_180476 « Non ! Non! C’est bien plus beau lorsque c’est inutile. »
Posté(e) 3 octobre 20243 oct. comment_180479 Un superbe hommage à tous ces héros des sommets qui se lancent des défis et les relèvent avec panache !
Posté(e) 3 octobre 20243 oct. comment_180484 Il y a 8 heures, Tarentaise a écrit : Moment où les étoiles Par la terre oubliées Se disent leurs voyages À la queue des comètes Accrochent les volants Des rêves inutiles. Quel beau passage ! et Je suis d'accord avec @Jeep ; non ce ne sont pas des rêves inutiles !
Posté(e) 3 octobre 20243 oct. comment_180493 Un hymne à la montagne que vous seul êtes capable de poétiser.
Posté(e) 3 octobre 20243 oct. comment_180494 Une belle évocation sous le signe de l'inutile... comme la poésie. vers courts, sans rime, l'idée n'en est pas moins mise en valeur (et peut-être mieux). La dernière syllabe de chaque vers rythme le poème car elle doit être (en subvocalisation) appuyée. Modifié 3 octobre 20243 oct. par Ferrandeix
Posté(e) 3 octobre 20243 oct. comment_180502 Il y a 1 heure, Diane a écrit : Je suis d'accord avec @Jeep et avec Edmond Rostand.
Posté(e) 3 octobre 20243 oct. comment_180504 J'ai beaucoup aimé cette forme inhabituelle, cher @Tarentaise. 💫 Des vers de toute beauté. Le titre interpelle...
Posté(e) 4 octobre 20244 oct. comment_180528 Le 03/10/2024 à 08:10, Tarentaise a écrit : Tout au bord de l’abîme Fatigués des combats Soutenus tout le jour Dorment les conquérants Des sommets inutiles. Superbe ! J'ai beaucoup aimé ce poème en héxasyllabes. libres de rimes. 3 strophes de 12 syllabes, comme 3 traits verticaux vers le haut, vers l'inutile, et pourtant aussi l'essentiel, qui ponctue chaque fin de strophe. Une forme inattendue chez vous, cher @Tarentaise, orfèvre es sonnets, mais subtile et trés aboutie, qui sert magnifiquement le sujet. ⭐
Posté(e) 4 octobre 20244 oct. comment_180548 L'utopie est à l'horizon. Je fais deux pas en avant, elle s'éloigne de deux pas. Je fais dix pas de plus, l'horizon s'éloigne de dix pas. J'aurai beau marcher, je ne l'atteindrai jamais. A quoi sert l'utopie ? Elle sert à cela, elle sert à avancer." -Eduardo Galeano ... alors ce serait la même chose avec ces grimpeurs et leurs rêves ?...
Posté(e) 4 octobre 20244 oct. comment_180563 De scintillants hexamètres qui évoquent avec panache le goût propre à l'homme de se rendre maître des éléments qui le fascinent. Quel beau contraste avec l'indifférence de ces éléments. Et comme votre plume sait, Alain, nous plonger en quelques mots dans l'atmosphère fébrile des ces passionnés de la grimpe! Le 03/10/2024 à 08:10, Tarentaise a écrit : Le combat des séracs Entre le frêle esquif Et l’océan de glaces Assoupi par le gel Sur la grève endormie Dévoile le silence, Moment où les étoiles Par la terre oubliées Se disent leurs voyages À la queue des comètes Accrochent les volants Des rêves inutiles. Superbe! 💫 Vous nous gâtez avec les vers blancs autant qu'avec la forme sonnet.
Posté(e) 4 octobre 20244 oct. comment_180577 Peut-être est-ce inutile mais je vous le dis tout de même Tarentaise, j'aime votre écriture, elle traverse les espaces, aujourd'hui les sommets enneigés. L'inutile est affaire de regard.
Posté(e) 8 octobre 20248 oct. comment_180922 Pour gravir ce poème avec mes yeux, il m'a fallu m'arrêter plusieurs fois, émerveillée ... J'aime beaucoup la forme que vous avez employée qui sied parfaitement au sujet.
Posté(e) 11 octobre 202411 oct. Auteur comment_181108 Un jour viendra peut-être où nous saurons distinguer entre le faux utile et le vrai inutile ! Merci de vous être laissés attirer par les pentes @Joailes @Eobb @Thy Jeanin @Racine Montignac @Danivan @Sophie @Jeep @Ferrandeix @Illiz @Diane @Alba @Eathanor