Partager Posté(e) 11 septembre (modifié) Dans le silence des touffeurs, croit-on qu’on médite ? C’est la saison qui gouverne les ramures muettes. Cet orme qui s’essouffle au vent trop tôt fraîchi pointe à ses frondaisons les prémices rubescentes de l’automne. Il roussit, le coquin. Sous le baldaquin rembourré d’un ciel aqueux, il se souvient de tant de siècles passés. Les étés étaient plus chaleureux sur la rive du septentrion. Cette année, l’été fut maussade et bref. Un météore. Voici déjà accouru le noroît qui se prépare au jeu de paume automnal. Pour l’heure, il bat les crinières argentines des saules, secoue les étincelles des bouleaux. Demain, la forêt éparpillera ducats d’or et perles de grenat au bon gré des caprices de temps. Dans ce contexte délétère, les cimes s’offrent au soleil de septembre, espérant quelque résilience pour se remettre du drame interminable des pluies. Au milieu de ces coquetteries pré-vermeilles, se dressent les sapins, confrérie qui se consacre au culte de l’éternité dont leurs aiguilles témoignent. On s’inclinera devant leur majesté, des primes frimas aux ultimes flocons, lorsque l’heure sonnera de la glace. Et l’on chantera leur grâce à l’instant solennel où la nuit, constellée de fééries, rendra hommage au principe de lumière, feu bienfaisant qui veille sur le monde endormi. Alors je rêve, devant l’antique forêt gauloise. Je vois Esos et son bâton noueux. Herculéen, il frappe les troncs qui se dénudent, porte-parole de Samain. Je vois les cerfs sonner le rut. Leurs bois affrontent d’autres bois dans la lice sylvestre. Tant de siècles déjà ! Les sapins, pèlerins soient-ils, iront en procession, à la manière des peupliers, chatouiller la hotte du ciel afin que sur Terre à Noël se tisse la tapisserie prophétique de la survie. Modifié 12 septembre par Thy Jeanin Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
Messages recommandés