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D'autres aventures cartomythiques tirées de Normandie profonde.


Thy Jeanin

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          Il y avait à Caumont des gens qui perdaient leurs cheveux. Le bourg était bien connu pour ce phénomène. Alors, pour compenser, on s’en faisait des blancs, espérant que le vent ne les verrait pas dans la transparence d’un air fort remuant. Car la colline où s’érigeait Caumont était dépourvue de tout arbre. Un quidam en particulier s’inquiétait beaucoup de cet aspect. On le supposait un peu trop exposé lui-même aux rafales, ce qui n’est pas bon pour la stabilité, et on l’avait appelé l’Eventé. Sa principale activité consistait à courir comme Sisyphe du sommet où trônait Caumont jusqu’en contrebas de l’éminence, chargé de besaces. Et pourquoi des besaces ? Sur la prière de saint Martin. Cet élu ne doit pas être confondu avec le Martin de Tours qui partagea son manteau. Non, celui-là s’était spécialisé dans l’industrie de la générosité de grande envergure. L’Eventé lui confectionnait des besaces, lui les remplissait. On n’a jamais su de quoi. On a même eu des doutes, car ce Martin n’était pas riche. D’ailleurs, on le considérait comme un ours. Peut-être les remplissait-il de miel ? D’aucuns ont suggéré, les audacieux, qu’il se servait de ces besaces pour rançonner, à rebours de ce que l’on croit. Son auréole serait un truc en toc troqué avec son âme au diable. Son hameau natal était Crèvecœur. Pas de berceau, une auge pour son groin. Le malheureux était une victime facile. Et là aussi, le vent. A décorner le démon. En âge d’être soldat, le jeune homme encore innocent a perdu son âme en pleine guerre, au Château du Champ de Bataille. Certains dirent que le Bien et le Mal se seraient affrontés là. Avec l’aide de sa tutelle infernale, notre pauvre Martin-pauvre misère a estourbi tant d’ennemis qu’il en est devenu fanfaron, affirmant à qui voulait l’entendre qu’il « éturquerait » à lui seul l’empire Ottoman. Il se calma avec le mariage de son ami l’Eventé. Contre toute attente, celui-ci plut tant à Bourgthéroulde, la fille du châtelain, que les vents se mirent d’accord pour déserter la place et aller souffler le lecteur sur d’autres toponymes. Moi, ce que j’en dis, c’est pour faire prendre l’air à ma plume. Je la lâche un peu. Elle erre.

 

 

 

 

Modifié par Thy Jeanin
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