Posté(e) 16 juillet 202416 juil. comment_174278 Dans une boîte en fer qui n'a jamais rouillé malgré tous les orages, alors que je continuais mon nettoyage, encore quelques souvenirs se sont échappés, dont l'odeur mélancolique de la fleur d'oranger. Le passé doit faire place nette au présent, c'est décidé. J'ai ouvert la fenêtre où s'échappent dans le soleil des rayons de poussière et avec mon balai de sorcière je déloge quelques araignées qui n'ont rien de mieux à faire que de filer ; derrière des toiles inachevées je retrouve un bracelet vert ah non c'est un lézard desséché. Je ne l'ai jamais cherché c'est dire combien il est inutile pourtant je me souviens de son histoire, il date de l'époque où je faisais de la balançoire jusqu'à toucher le ciel ; où je faisais du troc avec ma petite voisine, aux yeux d'aquarelle. J'aurais préféré qu'elle s'appelle Martine, pour la rime, mais non elle s'appelait autrement. France, peut-être ? Ah non, je confonds … Puis il a plu sur notre enfance, dans la cour, la marelle s'est effacée brutalement, dans nos bols flottaient des madeleines rances et le pain est perdu pour de bon à croire que la marraine fée était bourrée, sa baguette n'était pas magique et dans nos jeux de cartes, toujours du pique comme des croissants brûlés. Voilà où me mènent ces objets, je suis tellement soulagée de les laisser partir ! Ils donnent des regrets et l'envie de pleurer, faut être masochiste pour suivre leur piste ; il restera toujours assez de parfums pour me ramener vers des rivages lointains, sans que j'y prenne garde. Le chat me regarde et il a l'air d'accord est-ce que je garde mes litières anciennes ou mes boîtes de boulettes vides ? semble-t-il me dire avec ses yeux liquides. Il n'y a que sur les photos que les visages ne prennent pas de rides ! La couleur sépia est d'une étrange tristesse qui engage les poétesses vers les vallées de larmes. J'ai dû m'asseoir un instant, bouleversée, et j'ai relu de vieux poèmes je me demande comment et dans quel état d'esprit ai-je pu écrire cela, ou ceci .. ? Un bon coup de balai, ainsi font les sorcières ; les fées sont au-dehors en train de gambader parmi les boutons d'or. Voilà le grenier débarrassé de toutes choses, je pourrai accueillir mon amie Rose dans ma nouvelle chambre d'amis ; comme en récompense, l'ouest se teinte de rose, et un oiseau chante le renouveau. Je n'aurai plus qu'à y monter un lit escamotable, une petite table, un pichet de grès avec quelques chardons mêlés d'immortelles et demain, assises sur la balancelle, nous rirons de nos beaux souvenirs, oubliant les mauvais dont les traces auront été effacées. Il y aura ce parfum d'herbe coupée et de jeune glycine, nous mangerons des mandarines et la lune se pendra à notre cou scintillant d'étoiles. Et le bonheur reviendra, je ferai d'autres toiles, elle écrira encore et le chat viendra nous câliner avec dans ses pupilles des paillettes d'or … Vivement demain ! Un autre jour se lève, prêt pour de nouveaux rêves. Je me fais la promesse de ne pas les emprisonner dans des boîtes et de les laisser vivre seulement ... demain. Je regarde les sacs poubelles partir vers un nouveau destin et je me sens bien. (joailes --------) 16 juillet 2024 Modifié 16 juillet 202416 juil. par Joailes
Posté(e) 19 juillet 202419 juil. comment_174527 Ton ménage est de bon augure. Mais un coup de balai jamais n'abolira le souvenir, alors, les pièces à conviction encombrantes, autant leur donner congé. Histoire de réenchanter le présent. Cela dit, plus facile à dire qu'à faire!
Posté(e) 20 juillet 202420 juil. Auteur comment_174574 Il y a 13 heures, Thy Jeanin a écrit : Cela dit, plus facile à dire qu'à faire! Tout à fait ! Mais pourtant, pas impossible. 😉
Posté(e) 20 juillet 202420 juil. comment_174622 Faire place nette pour une nouvelle vie: tout un programme, mais que fait-on des souvenirs ?
Posté(e) 20 juillet 202420 juil. Auteur comment_174624 il y a 3 minutes, Jeep a écrit : mais que fait-on des souvenirs ? le souvenir n'est pas dans les choses entassées : on s'aperçoit qu'il est là, éternel, et qu'il revient parfois nous chatouiller par un parfum, un son, une image ... plutôt des choses abstraites qui n'ont nul besoin de prendre de la place.