Posté(e) 7 juillet 20247 juil. comment_173510 Je n’ai jamais fui un mot de langage, Un vilain, un malsain, un tape-à-l’œil, Qu’ils fassent un miracle ou des ravages, Aux vieux métaux un nouvel alliage ; Impossible d’en produire le deuil, Jamais n’en laisserai un sur le seuil. Voilà que je balaie devant mon seuil, Traquant deux ou trois bribes de langage Mêlées aux feuilles d’automnes en deuil, Divine poussière, larmes à l’œil, Forgeronne de l’âme à l’alliage Tisonné sur les braises des ravages. Les moines bien vêtus font des ravages, Reculant de tolérance le seuil ; Quel étrange et dangereux alliage : Le fourbe aussi, s’habille d’un langage Qui laisse méfiance au coin de l’œil, Funeste broderie en fil de deuil. Trop muet est le véritable deuil ; Inspectons ces silencieux ravages Filtrant la réalité dans notre œil. Bientôt plus de vraie maison ni de seuil, Ô mes merveilles, ô triste langage, Joie antique, précieux alliage. Orpailleur des mots, maître à l’alliage, Dilue les lettres passées d’un vieux deuil Qui régissent toujours notre langage, Bataille de liberté aux ravages Enracinant l’humanité au seuil D’époque, où prime l’usage de l’œil. À voir tout cela, je tourne de l’œil. De plume et de terre est mon alliage, Qui se moque un peu de franchir le seuil, Honni, d’une libre parole en deuil. Alors je disparais dans mes ravages ; Puissent les cerfs comprendre mon langage.
Posté(e) 7 juillet 20247 juil. comment_173512 Je ne suis pas cerf, mais quels beaux yeux de biche vous avez, @Kurauh ! 😉 Et une sacrée plume !
Posté(e) 7 juillet 20247 juil. comment_173515 Ce poème est original . Il a dû vous demander un sacré travail. C'est la première fois que j'en lis un construit de la sorte. Félicitations. 🙂 Modifié 7 juillet 20247 juil. par Iloa
Posté(e) 8 juillet 20248 juil. comment_173521 Tout en Décasyllabes ce sursis à libérer le langage Et à parvenir à établir cet alliage qui semble si difficile à obtenir .
Posté(e) 8 juillet 20248 juil. comment_173529 Il y a 11 heures, Kurauh a écrit : Orpailleur des mots, maître à l’alliage Et les pépites dansent dans l’encre de votre plume @Kurauh!
Posté(e) 8 juillet 20248 juil. comment_173532 Au seuil du langage l’alliage de l’œil et du deuil fait des ravages.
Posté(e) 8 juillet 20248 juil. comment_173536 Bon pied bon œil, pour forger comme cela, il faut de l'expérience comme un millefeuille, on reprends la même pièce que l'on plie puis aplati à nouveau sur elle même. La pièce est solide, jolie, et on a envie d'essayer 🙂
Posté(e) 8 juillet 20248 juil. comment_173544 Forgeronne de l’âme à l’alliage Tisonné sur les braises des ravages. Du bel ouvrage, @Kurauh
Posté(e) 8 juillet 20248 juil. comment_173552 Une alternance de rimes du plus bel effet. Très belle poésie.
Posté(e) 8 juillet 20248 juil. comment_173567 Preuve que la rime en -euil n'est pas un écueil et que celle en -age n'en est pas plus sage! Bel exercice de maîtrise, la rime n'a eu qu'à se tenir bien. Modifié 8 juillet 20248 juil. par Thy Jeanin
Posté(e) 8 juillet 20248 juil. Auteur comment_173580 J'ai beaucoup apprécié vos commentaires à tous @Thy Jeanin @Illiz @Sophie @Racine Montignac @Jeep @Tarentaise @Diane @Iloa @Joailes Au plaisir de vous lire prochainement 😀
Posté(e) 9 juillet 20249 juil. comment_173634 Il n'y a rien de plus casse gueule que les poèmes qui ont pour objet le langage. Celui ci s'en sort brillamment en évitant le double piège de l'art poétique sentencieux et de la mise en abyme convenue. En ce qui concerne la forme, l'utilisation de la sextine requiert une virtuosité qui ne peut se réaliser sans une inventivité dont on peut constater ici le foisonnement. Bravo je suis impressionné !
Posté(e) 10 juillet 202410 juil. Auteur comment_173675 Merci @Daniel Muller-Ferguson, j'ai pris beaucoup de plaisir à redécouvrir cette forme fixe qu'un professeur de littérature anglaise m'avait montrée au lycée. Je n'ose cependant l'appeler sextine, car j'ai volontairement tronqué le tercet final.
Posté(e) 11 juillet 202411 juil. Auteur comment_173779 Merci @Flobaire Après vindiou et dediou, je vais pouvoir ajouter boudiou à ma collection !
Posté(e) 13 juillet 202413 juil. comment_173953 Impressionnante dextérité dans ces vers, la forme est loin d'être aisée ! Un grand bravo pour cette réussite 👏
Posté(e) 13 juillet 202413 juil. Auteur comment_174012 Merci @Natacha Félix, cela dit, je me suis beaucoup amusée à ressasser mes pensées sur ces mots.
Posté(e) 24 octobre 202424 oct. comment_182120 Le 07/07/2024 à 19:43, Kurauh a écrit : Je n’ai jamais fui un mot de langage, Un vilain, un malsain, un tape-à-l’œil, Qu’ils fassent un miracle ou des ravages, Aux vieux métaux un nouvel alliage ; Impossible d’en produire le deuil, Jamais n’en laisserai un sur le seuil. Belle déclaration d'amour à la langue. Chaque strophe est ourlée de belles broderies imagées et la mention de la difficulté d'écrire se mêle avec bonheur à l'agréable lecture proposée qui a su masquer le travail en amont. Et heureux soient les cerfs qui comprendront votre langage... 🌟
Posté(e) 29 octobre 202429 oct. Auteur comment_182537 C'est avec plaisir que je découvre votre avis @Bollinger, je me suis beaucoup amusée durant cette écriture, j'espère que cela se ressent, bien que le sujet soit moins gai.
Posté(e) 29 octobre 202429 oct. comment_182538 Des vers magnifiques dans ce poème profond et subtil !