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Featured Replies

Posté(e)
comment_173510

Je n’ai jamais fui un mot de langage,

Un vilain, un malsain, un tape-à-l’œil,

Qu’ils fassent un miracle ou des ravages,

Aux vieux métaux un nouvel alliage ;

Impossible d’en produire le deuil,

Jamais n’en laisserai un sur le seuil.

 

Voilà que je balaie devant mon seuil,

Traquant deux ou trois bribes de langage

Mêlées aux feuilles d’automnes en deuil,

Divine poussière, larmes à l’œil,

Forgeronne de l’âme à l’alliage

Tisonné sur les braises des ravages.

 

Les moines bien vêtus font des ravages,

Reculant de tolérance le seuil ;

Quel étrange et dangereux alliage :

Le fourbe aussi, s’habille d’un langage

Qui laisse méfiance au coin de l’œil,

Funeste broderie en fil de deuil.

 

Trop muet est le véritable deuil ;

Inspectons ces silencieux ravages

Filtrant la réalité dans notre œil.

Bientôt plus de vraie maison ni de seuil,

Ô mes merveilles, ô triste langage,

Joie antique, précieux alliage.

 

Orpailleur des mots, maître à l’alliage,

Dilue les lettres passées d’un vieux deuil

Qui régissent toujours notre langage,

Bataille de liberté aux ravages

Enracinant l’humanité au seuil

D’époque, où prime l’usage de l’œil.

 

À voir tout cela, je tourne de l’œil.

De plume et de terre est mon alliage,

Qui se moque un peu de franchir le seuil,

Honni, d’une libre parole en deuil.

Alors je disparais dans mes ravages ;

Puissent les cerfs comprendre mon langage.

Posté(e)
comment_173512

Je ne suis pas cerf, mais quels beaux yeux de biche vous avez, @Kurauh ! 😉 Et une sacrée plume !

Posté(e)
comment_173515

Ce poème est original .

Il a dû vous demander un sacré travail.

C'est la première fois que j'en lis un construit de la sorte.

Félicitations.

🙂

 

 

 

Modifié par Iloa

Posté(e)
comment_173521

Tout en Décasyllabes ce sursis

à libérer le langage 

Et à parvenir à établir cet alliage 

qui semble si difficile à obtenir .

Posté(e)
comment_173529
Il y a 11 heures, Kurauh a écrit :

Orpailleur des mots, maître à l’alliage

Et les pépites dansent dans l’encre de votre plume @Kurauh!

Posté(e)
comment_173532

Au seuil du langage l’alliage de l’œil et du deuil fait des ravages.

Posté(e)
comment_173536

Bon pied bon œil, pour forger comme cela, il faut de l'expérience

comme un millefeuille, on reprends la même pièce que l'on plie

puis aplati à nouveau sur elle même. La pièce est solide, jolie, et on a envie d'essayer 🙂

Posté(e)
comment_173544

 

Forgeronne de l’âme à l’alliage

Tisonné sur les braises des ravages.

Du bel ouvrage, @Kurauh

Posté(e)
comment_173567

Preuve que la rime en -euil n'est pas un écueil et que celle en -age n'en est pas plus sage! Bel exercice de maîtrise, la rime n'a eu qu'à se tenir bien.

 

 

Modifié par Thy Jeanin

Posté(e)
  • Auteur
comment_173580

J'ai beaucoup apprécié vos commentaires à tous @Thy Jeanin @Illiz @Sophie  @Racine Montignac @Jeep @Tarentaise @Diane @Iloa @Joailes 

Au plaisir de vous lire prochainement 😀

 

Posté(e)
comment_173634

Il n'y a rien de plus  casse gueule que les poèmes qui ont pour objet le langage. Celui ci s'en sort brillamment en évitant le double piège de l'art poétique sentencieux et de la mise en abyme convenue.

 

En ce qui concerne la forme, l'utilisation de la sextine requiert une virtuosité qui ne peut se réaliser sans une inventivité dont on peut constater ici le foisonnement.

 

Bravo je suis impressionné !

Posté(e)
  • Auteur
comment_173675

Merci @Daniel Muller-Ferguson, j'ai pris beaucoup de plaisir à redécouvrir cette forme fixe qu'un professeur de littérature anglaise m'avait montrée au lycée. Je n'ose cependant l'appeler sextine, car j'ai volontairement tronqué le tercet final. 

Posté(e)
comment_173710

Boudiou ! Y a de la jonglerie de haut vol !!

Posté(e)
  • Auteur
comment_173779

Merci @Flobaire

Après vindiou et dediou, je vais pouvoir ajouter boudiou à ma collection !

Posté(e)
comment_173953

Impressionnante dextérité dans ces vers, la forme est loin d'être aisée ! Un grand bravo pour cette réussite 👏

Posté(e)
  • Auteur
comment_174012

Merci @Natacha Félix, cela dit, je me suis beaucoup amusée à ressasser mes pensées sur ces mots.

  • 3 mois plus tard...
Posté(e)
comment_182120
Le 07/07/2024 à 19:43, Kurauh a écrit :

Je n’ai jamais fui un mot de langage,

Un vilain, un malsain, un tape-à-l’œil,

Qu’ils fassent un miracle ou des ravages,

Aux vieux métaux un nouvel alliage ;

Impossible d’en produire le deuil,

Jamais n’en laisserai un sur le seuil.

Belle déclaration d'amour à la langue.

Chaque strophe est ourlée de belles broderies imagées et la mention de la difficulté d'écrire se mêle avec bonheur à l'agréable lecture proposée qui a su masquer le travail en amont.

 

Et heureux soient les cerfs qui comprendront votre langage... 🌟

 

Posté(e)
  • Auteur
comment_182537

C'est avec plaisir que je découvre votre avis @Bollinger, je me suis beaucoup amusée durant cette écriture, j'espère que cela se ressent, bien que le sujet soit moins gai.