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Posté(e)
comment_173442

Donne asile à l’été

 

La pluie empare après l’orage

celui qui marche dans la flaque

de ses yeux

 

Merles aux cerises

sur lalezane bruyères autrefois

de rire et de galop

avancent d’âcres terres brunes

flanqué de silence

l’horizon comme un songe

traîne sous les pieds

des mules inquiètes

la trace du loup perdu

en écharpe vers le bord

dans la touffeur cardinale

les narghilés dévoilent

aux brumes andrinople

les écuyères éthérées

j’étale une couche fauve

sur cette toile mal Loti

la rue s’y presse sanguine

aux mains des affidés 

tromblons alignés 

au pied du mur

porte en panière groseille

éclatées sur le ciel saturé

ici troupeaux mirages d’orpiment

essaims à l’instinct

se grappent à l’abbesse noire

dernier bivouac de la foi 

rire mutin de jeunesse 

jetée courant l’air

au bain béni de minuit

des plages assiégées

l’étoile des maîtres

s’envole à l’enchère !

 

Je n’aime pas l’été

ses coups de poing 

ses coups de sang

je n’aime pas les messes aussi

je vais quatre par quatre

chemins de chien

dénudé de fontaine

baigner ma robe lunes

de soleil

clarines ondoyantes

odorant

les vallonnes prairies

moussent sous la caresse

jusqu’en les sables venteux

derviche allant l’automne

sur des ressacs d’espoirs 

peindre encore le rêve abasourdi

des prisons ciel-ouvertes

où descendent en pluie

les astres affranchis

au toucher de ton doigt

damne misère

prendre la porte

des longs exils

des fables sous le vent

désinvoltures sibyllines

écloses d’abondance

la pulpe des fratries nomades

dans la bouche des estives

rendre le mur à la treille 

la chaise la cheminée

et la fenêtre

où se sont envolés

 

Quand mes yeux étaient bleu

les oiseaux nich

dans mes rides

j’ai le pas léger

sur les lèvres nouvelle

et je leur chante

à tire lyre mes illusions 

désaccordées

un museau trémulant

une colline tendre

un souffle de jardin

pétales alizé

à travers les moulins

quand mon cœur était d’or

je reviens chanter

les oiseaux

que cache sa gorge de sang 

quand le soir dépose

l’aile d’une cigale  

 

 

 

 

Posté(e)
comment_173452

Waouh ! Merci pour ce moment hors du temps de gueules de métèques 💫

Posté(e)
comment_173462
Il y a 7 heures, O Salto a écrit :

je reviens chanter

les oiseaux

que cache sa gorge de sang 

quand le soir dépose

l’aile d’une cigale  

Magnifique lecture !

Posté(e)
comment_173471

Dans les mots haletants, on déniche des pépites.

Posté(e)
comment_173483

c'est un déferlement...

que dis je!

une avalanche!

Mais comme dis @Jeep

on y trouve,

une fois l'homme sauvé,

des pépites enfouies...

Posté(e)
comment_173492

C'est très agréable à lire, j'aime beaucoup le rythme du poème. J'ai eu l'impression de me retrouver dans cet état, juste avant le sommeil, où l'on est conscient et qu'on lâche les rênes du cours de notre pensée. 

Posté(e)
comment_173504

Jonglerie merveilleuse des mots!

Il y a 22 heures, O Salto a écrit :

je reviens chanter

les oiseaux

que cache sa gorge de sang 

Qu'ils chantent jusqu'au bout!

Posté(e)
comment_173715

Les poètes sont parfois cracheurs de feu... !!

Posté(e)
comment_173837

Tant de choses dans ce poème ! Des sensations, des images superbes, des références, des réflexions et, si j'ai bien lu, une ligne directrice qui encourage l'oiseau du cœur à chanter pour ne pas que se reproduisent les infamies de l'Histoire. 
C'est presque ridicule d'essayer de commenter tes poèmes, tant ils se suffisent à eux-mêmes grâce à leur richesse et grâce à leur beauté (parfois douloureuse, comme seule la beauté peut l'être). Toujours fan... 💫

  • 3 mois plus tard...
Posté(e)
comment_182116
Le 06/07/2024 à 20:27, O Salto a écrit :

j’étale une couche fauve

sur cette toile mal Loti

Je garde le jeu de mots avec la référence à Pierre Loti (je crois). Pour le reste, le vocabulaire riche que je ne connaissais pas et les vers que je ne parviens pas à suivre me rendent tout petit.

Le texte m'est comme une formule qu'il faudrait déchiffrer pour mieux comprendre le monde. Bravo @O Salto