Posté(e) 6 juillet 20246 juil. comment_173442 Donne asile à l’été La pluie empare après l’orage celui qui marche dans la flaque de ses yeux Merles aux cerises sur l’alezane bruyères autrefois de rire et de galop avancent d’âcres terres brunes flanqué de silence l’horizon comme un songe traîne sous les pieds des mules inquiètes la trace du loup perdu en écharpe vers le bord dans la touffeur cardinale les narghilés dévoilent aux brumes andrinople les écuyères éthérées j’étale une couche fauve sur cette toile mal Loti la rue s’y presse sanguine aux mains des affidés tromblons alignés au pied du mur porte en panière groseilles éclatées sur le ciel saturé ici troupeaux mirages d’orpiment là essaims à l’instinct se grappent à l’abbesse noire dernier bivouac de la foi rire mutin de jeunesse jetée courant l’air au bain béni de minuit des plages assiégées l’étoile des maîtres s’envole à l’enchère ! Je n’aime pas l’été ses coups de poing ses coups de sang je n’aime pas les messes aussi je vais quatre par quatre chemins de chien dénudé de fontaine baigner ma robe lunes de soleil clarines ondoyantes odorant les vallonnes prairies moussent sous la caresse jusqu’en les sables venteux derviche allant l’automne sur des ressacs d’espoirs peindre encore le rêve abasourdi des prisons ciel-ouvertes où descendent en pluie les astres affranchis au toucher de ton doigt damne misère prendre la porte des longs exils des fables sous le vent désinvoltures sibyllines écloses d’abondance la pulpe des fratries nomades dans la bouche des estives rendre le mur à la treille la chaise la cheminée et la fenêtre où se sont envolés Quand mes yeux étaient bleus les oiseaux déniche dans mes rides j’ai le pas léger sur les lèvres nouvelles et je leur chante à tire lyre mes illusions désaccordées un museau trémulant une colline tendre un souffle de jardin pétales alizés à travers les moulins quand mon cœur était d’or je reviens chanter les oiseaux que cache sa gorge de sang quand le soir dépose l’aile d’une cigale Sans la nommer.mp3
Posté(e) 6 juillet 20246 juil. comment_173452 Waouh ! Merci pour ce moment hors du temps de gueules de métèques 💫
Posté(e) 7 juillet 20247 juil. comment_173462 Il y a 7 heures, O Salto a écrit : je reviens chanter les oiseaux que cache sa gorge de sang quand le soir dépose l’aile d’une cigale Magnifique lecture !
Posté(e) 7 juillet 20247 juil. comment_173483 c'est un déferlement... que dis je! une avalanche! Mais comme dis @Jeep on y trouve, une fois l'homme sauvé, des pépites enfouies...
Posté(e) 7 juillet 20247 juil. comment_173492 C'est très agréable à lire, j'aime beaucoup le rythme du poème. J'ai eu l'impression de me retrouver dans cet état, juste avant le sommeil, où l'on est conscient et qu'on lâche les rênes du cours de notre pensée.
Posté(e) 7 juillet 20247 juil. comment_173504 Jonglerie merveilleuse des mots! Il y a 22 heures, O Salto a écrit : je reviens chanter les oiseaux que cache sa gorge de sang Qu'ils chantent jusqu'au bout!
Posté(e) 12 juillet 202412 juil. comment_173837 Tant de choses dans ce poème ! Des sensations, des images superbes, des références, des réflexions et, si j'ai bien lu, une ligne directrice qui encourage l'oiseau du cœur à chanter pour ne pas que se reproduisent les infamies de l'Histoire. C'est presque ridicule d'essayer de commenter tes poèmes, tant ils se suffisent à eux-mêmes grâce à leur richesse et grâce à leur beauté (parfois douloureuse, comme seule la beauté peut l'être). Toujours fan... 💫
Posté(e) 24 octobre 202424 oct. comment_182116 Le 06/07/2024 à 20:27, O Salto a écrit : j’étale une couche fauve sur cette toile mal Loti Je garde le jeu de mots avec la référence à Pierre Loti (je crois). Pour le reste, le vocabulaire riche que je ne connaissais pas et les vers que je ne parviens pas à suivre me rendent tout petit. Le texte m'est comme une formule qu'il faudrait déchiffrer pour mieux comprendre le monde. Bravo @O Salto