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Et revoilà Monique ! *


Joailes

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Il est des jours, comme ça, qui sont pleins de surprises rien ne les prévoit, si ce n'est un feu sur la banquise, ce qui reste assez rare. 

En me levant, j'avais mis mes doigts dans la prise, aussi étais-je coiffée comme Aglaë un jour de mistral ; mes mules avaient disparu et mon pyjama en pilou (que m'avait ramené la Comtesse de Bécu lors d'un de ses voyages au Pérou) présentait un gros trou, je ne vous dis pas où …

Bien sûr, la cafetière gazouillait, grâce au petit gadget que j'avais trouvé au grand bazar de la place du coin ; il permettait de programmer l'heure à laquelle le nectar devait commencer à couler, sauf que j'avais oublié de remplir le réservoir d'eau.

Le chien avait fait ses besoins sur le tapis, un persan venu de Chine en amazone, dans un colis qui, paraît-il, nuisait à la couche d'ozone.  

 

Pour quelqu'un qui a le sens du comique, évidemment tout ceci aurait pu être très drôle si je n'avais pas glissé et qu'une grosse bosse commençait à gonfler sur le côté gauche de mon front ; inesthétique en diable, je devrai annuler mon rendez-vous du soir, tant pis pour la petite robe noire que j'avais achetée pour l'occasion, je ne verrai pas Léon, champion de scrabble ... et tellement séduisant !

Je prononçai plusieurs fois le mot génial du général Cambronne, qui avait su mieux que personne l'utiliser à bon escient ; bien qu'en général et avec mon commandant je ne fus pas particulièrement grossière, j'avoue que parfois un bon gros mot me soulage, surtout dans le noir en pleine panne d'électricité, après que les nuages aient fini d'éclater. 

Pour ce genre de journée qui commence bien, je préfère aller me recoucher et tenter un peu plus tard un nouvel éveil, essayant d'oublier le premier.

C'est d'ailleurs un rituel auquel le Chat a le droit d'assister ; il rit dans ses moustaches impeccables en nylon et je me dis que c'est de bonne guerre puisque parfois, je me moque aussi de lui, surtout quand il rate un dérapage au milieu du couloir qui brille comme un miroir et que les souris rient aussi.

 

Je tombai cette fois-ci du lit en entendant l'alarme du portail directement branchée à mon téléphone portatif, lequel était relié à mon oreille par des écouteurs jouissifs quand on aime les percussions. 

Pas mieux.

Cette fois-ci, Chien et Chat engagèrent une folle partie d'attrape-moi si tu peux et quelques bibelots rescapés d'anciennes vies tombèrent au sol, faisant grand bruit.

La danseuse en porcelaine avait fini de valser et la panthère en fausse ébène finirait à la benne tant elle était cassée. 

La baie vitrée, à l'orient, que j'avais sans doute oublié de fermer, avait éclaté en mille morceaux et je songeai bêtement à rapatrier mes mules que j'avais entrevues en passant, mais il était trop tard.

 

Et Monique, toute essoufflée, surgit dans ce décor psychédélique, me coupant l'herbe sous les pieds, que j'avais en sang, elle s'écria :

« Comment vas-tu ? »

- Et toi ? rétorquai-je, appréciant l'incongru du moment. 

 

Il faut que je vous dise, car vous me trouverez sans doute très stoïque, Monique est mon amie ; bien que totalement à l'opposé de moi, je l'ai sauvée des griffes du destin plusieurs fois ; elle habite une grande villa à deux kilomètres de chez moi et nous avons de mémorables soirées en communs souvenirs.

En souriant devant son air désolé et contre mauvaise fortune bon cœur, j'enfilai un peignoir en poil de chameau, passai la main dans mes cheveux hirsutes, et c'est devant une bonne tasse de café qu'elle m'avoua que sa journée avait très mal commencé car ses dahlias avaient piqué du nez.

Je la rassurai aussitôt :

- Ce n'est pas très grave, on va les sauver, tes fleurs.

Il y a dans la vie des priorités, je le sais.

Qu'importe si ma cabane est sans dessus dessous, les dahlias rose tendre de Monique ont besoin d'eau, comme ma cafetière, comme Chat, Chien, terre, il pleut dans mon salon, c'est la misère, j'ai mal aux cheveux mais Monique est prioritaire. 

Je ne l'ai plus vue depuis longtemps, elle m'a manqué, c'est sûr ! 

J'attrape avec une vivacité que je n'aurais pas soupçonnée à ce moment de ma vie le moule à manqué où un gâteau moelleux repose, ainsi que les framboises de mon amie Françoise et me précipite dans les pas de Monique qui, déjà, retrouve sa verve unique. 

On a sauvé les dahlias.

J'ai mis une semaine à m'en remettre, j'ai mangé beaucoup de chocolat, j'ai pris six kilos mais qu'importe ! 

Le printemps est à la porte, j'ai vendu trois natures mortes et ma cabane a retrouvé son sens. 

C'est l'effervescence aujourd'hui, la fête des amis et Monique a apporté des sushis ; la Comtesse de Bécu est venue et dans le clair de lune, voici venir Léon avec un gros bouquet de mots. 

J'ai mis ma petite robe noire et les dahlias embaument. 

(joailes ------) 26 mars 2024


 

* pour connaître Monique :

https://accents-poetiques.com/forums/topic/3031-à-mon-amie-monique-1/#comment-18527


 

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