Connecté Partager Posté(e) 16 février Mon avion ronronnait comme un chat. Il venait d’atteindre les quarantièmes câlinants. Il tenait si bien la route des airs qu’on l’eût dit figé au milieu des nuages, comme si l’azur glissait sur un immuable et cylindrique brisant. Alors, tout me paraissait d’une sérénité parfaite et de cet oiseau de musique, je pouvais abandonner doucement le pilotage pour me dégourdir les jambes dans les nues. Il fallait faire vite, car à cette altitude, les horloges tournent si rapidement qu’à tout moment, un astre peut fondre sur votre monde et l’horizon s’ombrager de voiles violettes, violentes. Coincé entre des vents contraires, un nuage cumulait au creux de ses nimbes des champs de pimprenelles stellaires et de chanvre céleste, le tout poussé au hasard, dans une passe fleurie, sorte de jardins des simples en suspension. Dans ce monde sublunaire, les mélodies sont des jeux de vents, les harmonies des tours de force. Encore faut-il être nu dans les nues, pour ne pas choquer les anges aux flèches d’or, plus précisément d’orage. La promenade fut divine, si bien qu’elle s’éternisa. J’envisageai tard de remettre les pieds sur terre. Je sautai en parachute et tombai sur une page blanche. Mes talons s’enfonçaient dans la neige où j’avais jeté l’ancre – blanche elle aussi – pour stabiliser mon avion à la manière d’un dirigeable. De retour dans la pesanteur, je redeviens grave et n’ai qu’une idée dans le cockpit : redécoller. J’entame alors un vol plané mental dans l’hypnosphère. Je n’y risque rien, les contours de mon imaginaire sont aussi dodus que les nimbes ci-dessus. Je vous ramènerai un bouquet d’anémones aérocorticoles, c’est promis ! Elles ont l’avantage d’être ornées de plumes de diverses tailles, couleurs et textures. Ou bien, vous prendrez place à mes côtés pour croquer quelque crocus cruculus au site dit Croix du Sud où m’attend le Petit Prince… - Ah ! je savais bien qu’il allait surgir, celui-là ! dit le Renard. Bientôt, la Rose des sables… Alors les sables surgissent à leur tour et c’est la panne sèche. Mais la mer n’est jamais loin où mon hydravion par tous les temps m’attend itou. Il porte nom Porte-plume. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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