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Réflexions (5)


Isabelle64

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Après le décès de sa logeuse, Victor se sentit libéré, dégagé des contraintes matérielles qu’elle lui avait imposées. Il s’installa confortablement dans la grande maison, s’attribuant la meilleure chambre qui avait été celle de Gabriela. Le grand miroir trônait maintenant dans l’entrée.

Devenu avocat, Victor intégra un cabinet renommé. Puis, il épousa une jolie citadine du nom de Valentine, tout à fait apte, par son physique et sa culture, à mettre son époux en valeur. L’année qui suivit le mariage naquit Maximilien. Mais le ménage n’était pas heureux. Le quotidien du couple avait été plutôt monotone, ponctuée par les scènes que faisait la jeune femme qui ne se sentait pas vraiment aimée. Les tendres sentiments que Valentine portait à son mari s’usèrent au fil des mois et la jeune femme quitta Victor alors que leur fils n’avait que quatre ans. Le souvenir de cette rupture, pourtant ancienne était encore pesant, presque douloureux. Victor n’avait pas vu grandir son fils. Il lui envoyait quand même des vœux et de petits présents pour son anniversaire et pour Noël. En échange, il recevait une courte missive, stéréotypée « Merci Papa, pour… Je t’embrasse. » ou « Cher Papa, je te souhaite une bonne année 19… Je t’embrasse » Par deux fois, il avait eu la chance de recevoir une photo. Il avait dû s’en contenter.

Pendant ce temps, Victor s’était absorbé dans le travail. Sa carrière avait évolué très favorablement. Il était devenu un avocat recherché et il était entré au conseil municipal de son district.

Pourtant, il lui arrivait d’éprouver une sorte de gêne quand le souvenir de son acte surgissait dans ses pensées. Et cette sensation désagréable était particulièrement présente quand il se regardait dans une glace. Il voyait alors le reflet d’un homme vigoureux, aux traits épanouis, mais sur les contours il y avait comme un flou. Et derrière son image le décor était assombri. Le grand miroir de l’entrée semblait accentuer ces distorsions. À l’aube et au crépuscule, quand la lumière devient incertaine, quelque chose semblait s’animer dans le fond, comme si le miroir était habité. Sa tête se remplissait alors du souvenir de son crime et son regard se teintait d’inquiétude. Quand il fixait son image pendant quelques minutes, ses joues semblaient plus creuses, le dessin de son front paraissait sinueux, son nez partait vers la droite alors que son menton, allongé, se tordait vers la gauche. Le visage qu’il voyait dans la glace devenait presque grotesque et lui ressemblait de moins en moins au fil des jours. Inquiet pour sa vision, Victor avait pris rendez-vous chez un ophtalmologue qui ne décela rien d’anormal dans ses yeux.

(À suivre)

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