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La douleur


Ambre

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La douleur est une épine qui nous prend. Je crois sentir le coeur, ce n’est qu’un cri d’égarement.

La douleur est comme une muse qui nous échappe, la peau elle la ronge, elle attaque.

La douleur n’a pas de nom, pourtant nous voudrions la rendre personnelle : Lorsque nous souffrons, nous sommes inévitablement ramenés au centre de nous-même.
Mais la douleur est universelle. Elle a de longs bras et de longues jambes qui s’étirent comme une étoile brille la nuit. A la fois minuscule, à la fois infinie.

 

La douleur tétanise, tel un sanglot qui n’en fini pas. Brève, mais aussi terriblement lente, terriblement là.
C’est comme une larme qui naît au creux de l’oeil et qui nous brûle la rétine, la douleur voudrait couler, on suffoque de ne pouvoir l’essuyer.
Les paumes tournées vers le ciel, suppliant de nous rendre le pouvoir d’Être autre chose.

 

La douleur est invisible, elle nous surprend. Elle est comme un fantôme qui nous habite, si discrète mais si lourde. Je songe à ces maisons où logent des souris grises qui surgissent la nuit. Des intrus venus grignoter les réserves entassées qui nous rassurent à vivre.
La douleur est un rongeur que l’on pense nuisible mais que l’on ne peut attraper. Une souris, lorsqu’on la tue, on regrette presque de l’avoir blessée...

 

Par de petits espaces sombres en nous, tel le trou où le museau pointu parvient à se glisser, la douleur pénètre l’âme pour bientôt la désintégrer.

 

Qui suis-je? Un espace temps où plus rien n’a de sens, ni passé ni futur ni présent. Même la virgule n’a plus sa place, dans une phrase que l’on ne souhaite plus respirer.

 

C’est un malaise qui saisit le souffle, les barreaux d’une prison se referment sur les poumons qui déjà voudraient s’enfuir.

La douleur sait nous faire quitter le corps, comme si le corps n’avait plus aucune importance. On fantasme la douceur de la mort, mais la douleur a pris tout notre courage.

Car la douleur est bien plus forte, elle est infaillible, indestructible, elle n’a aucune frontière.

 

La larme a brûlé la joue, à ruisseler si lentement qu’elle s’est transformée en huile chaude. Car la douleur est grasse, salée et épaisse. Elle n’a aucune pitié, aucun repos.
Nous prions d’échapper au supplice qui nous infantilise, comme si nous ne savions ni marcher, ni parler, ni même comprendre.

La douleur pénètre les rêves pour nous soustraire toute récupération.

Au réveil, la bouche collante, nous ne savons plus les formes, nous ne savons plus les images, mais nous savons. La douleur vous cueille au petit matin. Comme la rose qui pensait éclore et illuminer le jardin mais dont la pluie a piétiné la quête, la douleur vous attrape et vous arrache.

 

                                      Il ne reste que les racines.                            Des souvenirs de ce qui a été.

 

Patients, nous attendons le soleil pour redorer notre image, mais les rayons font brûler les restes de cette triste défaite. C’est un carnage.

 

                                                                   La rose est devenue la rosée.

 

                               Des milliers de perles d’eau, sur le jardin disséminées.

 

 

La douleur fait de nous des balafrés, des cascadeurs de l’émotion, des grimpeurs de haute voltige.
Le sommet semble à portée de main, mais déjà la neige efface toutes traces du parcours. Les étapes qui nous servaient à entretenir la force et la ténacité sont devenues des avalanches, on se retourne, il n’y a que les flocons agglomérés.

 

Condamnés à poursuivre La voie sans repères, sans symboles, sans mots, la douleur a pris la forme d’un guide.
                                              Un être blanc, patient, silencieux, immobile.

La douleur est devenue la montagne que l’on tente de gravir. Un instant, je m’arrête.

 

Je longe les courbes de mon être que je pensais ne pas connaître, et devoir découvrir. Mais il me semble n’avoir rien entendu du véritable enseignement que la douleur souhaitait me partager.

 

Car en réalité, la douleur n’impose pas, elle nous propose de transcender.

 

Le corps figé, comme si il était devenu le piquet que l’on plante dans l’alpage pour soutenir, j’ai demandé à la douleur de me pardonner.

« Je n’ai pas entendu, je n’ai pas écouté. »

 

J’ai cru escalader un massif, projetant vers le ciel l’illusion d’une porte de sortie. Mais les montagnes ne sont que moi.
Et à force de courir les refuges pour mieux éviter les tempêtes, je n’ai fais que m’éloigner de l’âme.

 

La douleur m’a appris à ne plus fuir le départ pour me hâter de l’arrivée. Elle m’a invité au silence du corps qui répète chaque jour les mêmes combats, les mêmes efforts, le même chemin.

La douleur est le chemin, elle est cette transformation constante qui fait de chaque être ce quelque chose de non fini, cette impermanence.

 

La douleur invite à lâcher prise, le corps s’élève, il est libre. Libéré des jugements qui négligeaient le coeur, qui bafouaient l’esprit.

 

Déesse blanche aux reflets argents, la douleur est aussi un autre regard. Une autre option.
Je longe la montagne comme nous parcourons les courbes d’un être que l’on aime. Je longe la montagne comme on fait le tour de son corps, chaque jour nous découvrons des détails que l’on ne connaissait pas.

Chaque jour est un éveil.

Un retour à la foi.

 

                                          Non-éternité, il n’y a que la présence.

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