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Quartier chaud


Joailes

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La boutique de Frédéric est pimpante et joyeuse.

Des amoureuses timides aux yeux toujours humides viennent acheter leurs voilettes qui sentent la violette, leur poudre de riz, leur khôl et leur rouge à lèvres carmin.

Dans le coin, on les appelle les dames rouges ; il paraît que des messieurs en faction dans les ruelles tirent sur tout ce qui bouge.

Des gamins déjà adultes jouent à la catapulte, emmitouflés dans des parkas à capuche ; ils font les quatre cents coups et la musique couvre l'appel du mujin,il n'est pas rare qu'il y ait des nuits assassines malgré les prières des mères.

Il est vrai que souvent dans le caniveau coule du sang mais cela fait partie du folklore; les parfums mêlés, de chlore et de ragoûts avaient mis le dégoût à un gars de la haute qui s'était perdu dans le dédale des rues.

On ne l'a jamais retrouvé dit la légende urbaine de ce drôle de quartier qu'il me faut traverser pour aller voir ailleurs si j'y suis.

Munie d'une canne blanche, je me laisse guider par le labrador jusqu'à la boutique de Frédéric qui m'accueille comme si j'étais son enfant et je crois qu'il n'a pas tort.

Il joue de l'olifant et il pleure sur le sort d'un vieil éléphant sans défense qu'il a connu dans sa jeunesse ; alors il sort de ses tiroirs des histoires qui valent la peine de traverser la forêt les soirs de pleine lune pour trouver sous le bitume des fleurs et des épices ; tout au fond d'une ruelle grise et sans attrait, Frédéric est intouchable et quand il m'invite à sa table, je n'ai même pas peur.

Un lourd rideau de velours ocre s'entrouvre, à l'haleine de menthe.

J'entre.

Bien mieux qu'au musée du Louvre, je rencontre une femme charmante aux longs cheveux noirs qui lit dans les lignes de ma main.

Elle dit que je pourrai revenir demain, que mon heure n'est pas encore arrivée ; alors on fait la fête en oubliant qui l'on est.

Et le gars de la haute me sourit, repenti.

Il a de grandes bottes et m'emmène avec lui.

(joailes – 31 juillet 2023)

 

 

 

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