Partager Posté(e) vendredi à 21:00 Violette de la Pierrefaucu lisait les petites annonces du Chasseur Italien, assise confortablement dans sa bergère aux accoudoirs râpés, équipée d'un système sophistiqué qui lui massait le dos ; elle avait chevauché la monture d'or de ses petites lunettes et, une plume à la main, cochait des noms qui la faisaient vibrer. On peut être et avoir une particule, avancer ou reculer dans le froid ou la canicule, et puis aimer l'amour et les couleurs du crépuscule et s'appeler Violette violemment. Pierre, Viktor et Marc* s'étaient rapidement démarqués, grâce à la poésie de leur texte. Sur soixante-six annonces, elle avait choisi ces trois là , en les entourant de ses bras. Pierre, la soixantaine alerte cherche jeune pouliche pour chevaucher la prairie le dimanche matin, et toute la vie si elle le veut bien. Expérience exigée pour nettoyer les stalles en semaine, sans faire trop de foin, bonne cuisinière, pas farouche, sachant manier la fourche ; pas trop intelligente mais instruite un tant soit peu, capable de recopier mes poèmes au coin du feu toute la nuit. Je suis propriétaire d'un ranch charmant, rentier, esthète, aimant les galipettes … écrivez-moi pour un premier tête à tête ! Viktor, encore jeune dans sa tête et avec un beau corps car très sportif cherche similaire pour vivre dans le Vercors sans s'arracher les tifs, de préférence muette et sourde, avec un fort potentiel de gourde pour s'occuper de la maison sans être toutefois souillon. Insomniaque, jamais fatiguée de préférence. Propriétaire et assez riche, offre le gîte et le couvert et plus si affinités après essai. Ecrivez-moi si mon profil vous intéresse, à cette adresse … Marc, pour vous servir, barde de service qui fait se taper sur les cuisses les lectrices d'un forum aux accents poétiques. Peu enclin à prendre des gants, attend la gamine -jusqu'à soixante ans, mais pas plus- qui me surprendrait dans la cuisine toute nue sous un tablier de soubrette sachant manier le couteau et la fourchette comme dans un restaurant gastronomique mais sans froncer le nez à l'odeur de la bique. Adepte de sous-vêtements désuets, toujours prêt à dégainer, sait jouer de l'épée et du violon, de la lyre et de l'accordéon. Accordons-nous si tout ceci vous plaît pour un premier rendez-vous, de préférence chez moi car je ne me déplace pas beaucoup, voici où trouver mon trou : et il joignait moult photos, piquées là et ci, à Papy, le banquier, qui payait des agios sur A.P. pour faire ses facéties en toute impunité ; les sonnets irréprochables d'un notable retraité qui traversait la brousse dans une Jeep couleur pamplemousse et puis des extraits de ses propres fantasmes et même, pour couronner le tout, quelques photos de ses femmes en boubou et une vidéo où il faisait le fou en pyjama de pilou … Violette de la Pierrefaucu se grattait élégamment l'oreille, et pas que, avec un coton-tige en soie. Sur sa bergère tachée et humide, elle commençait à ressentir les effets du massage et à frétiller plus vite que le mécanisme électrique. Ayant arrêté les Tremblements Graves de ses Vices, elle se rendit à la gare et prit un TGV qui semblait assez complice pour éliminer les deux premiers. Ce qui fut fait, en moins de temps qu'il n'en faut pour un petit tortillard qui démarre au quart de tour, pour se rendre dans le brouillard, en plein hiver, et alors là … ! Figurez-vous que quand Violette arriva … -avec le décalage horaire et tout et tout- Marc était reparti en hiver et elle, toute nue, avait préparé une pizza. Mais le Chasseur Italien suit ses abonnés et, voyant la solitude de Violette, lui envoya Marticus, le fertile ; ils eurent beaucoup d'enfants et prirent la direction du journal et de ses grandes annonces. Ils furent très heureux. D'ailleurs, je suis très fière de vous faire part du mariage de Violette de la Rochefaucu et de Marticus du Stradivarius qui ont soutenu mordicus que l'amour avec poésie sauve de tout ! *gromantique : romantique, mais en plus gros. * toute ressemblance avec des personnes existantes dont les pseudos auraient été copiés, serait coïncidence, nulle et non avenue, mon journal étant libre de droits. C'est le Chasseur Niçois, il vient de sortir, il est gratuit, c'est la gazette de chez moi, distribuée quand je m'égare dans toutes les bonnes gares. (joailes – 26 mai 2023) 3 4 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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