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Conversations avec le.a capitaine (7)


Thy Jeanin

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Je suis retourné voir le… la capitaine avec un bouquet de fleurs. Des champs. Je suis nature, moi. Je n’aime pas l’artifice.

 

Je me suis dit : pas de préjugé. Le.a capitaine sait ce qu’iel drague et ce n’est certes pas le menu fretin. Je suis à l’abri d’éventuelles nasses posées par lui… enfin par elle.

 

Parvenu au quai où était amarrée sa péniche… (oui, sa péniche, pensais-je, en étouffant un rire Carambar),  je m’apprêtais à monter (encore !) le débarcadère, quand mes yeux tombèrent sur une affichette rédigée en termes laconiques : « Soirée costumée au n°* du quai des Murènes. »

 

Bon, fis-je. Ne restons pas figé. Trouvons-nous un costume qui ne lui déplaise pas et rejoignons-le.a.

 

Je gagnai la plus proche boutique ad hoc et y laissai mes habits habituels pour une tenue d’Ecossais, kilt compris. Je comptais ainsi me démarquer peu de ses nouvelles tenues, sans pour autant me compromettre.

 

Cela me sembla plutôt  finement joué – mais lui-même, en quoi se déguiserait-il ?

 

Peut-être en sirène, songeai-je joyeusement. Et, je dois le dire, un peu sottement. Le capitaine est assez retors – héritage de corsaire ?  – pour être imprévisible, et je pouvais le penser au féminin itou.

 

J’arrivai, quelques lieues plus loin, le long d’un quai de Seine, à l’adresse dite, c’est-à-dire au ponton d’abordage d’un bâtiment deux fois plus grand que le sien, bruyant et surpeuplé : lampions, musique, le tutti.

 

J’entre, mes fleurs à la main et la bouche en coin… en cœur.

 

Je fus très étonné de faire sensation.

 

« Celui-ci, il se croit sur l’Île Noire !

- Aura-t-il omis sa culotte sous sa jupette ? »

 

L’assemblée s’esclaffa de toutes parts.

 

Je ne m’attendais aucunement à tant d’ironie et devins, laissant par mégarde choir mon bouquet, toute … enfin, tout rouge. L’idée me vint que, peut-être, la soirée regroupait des habitués d’un type spécifique… Qu’allais-je  faire, me fourrer dans cette galère ?

 

Quand j’aperçus le.a capitaine, j’en fus d’abord soulagé. Puis éberlué : il portait barbe et casquette, sa veste sur un pull, pantalon et chaussures – un ensemble très masculin ; bref, c’était mon capitaine tel qu’avant les marées qui l’avaient fait virer de bord.

 

M’apercevant à son tour, il fit sans hâte quelques pas pour me rejoindre. L’air un peu féroce.

 

« Que fais-tu avec ce bouquet ridicule ?

- Euh… je… capitaine, j’avais prévu de vous l’offrir, pensant que…

- Eh bien ? Les femmes nous interdiraient d’aimer les fleurs ? Les hommes ont institué ce préjugé idiot, d’ailleurs. »

 

Les regards se tournaient vers nous.

 

« Un petit couple sympathique ! » glissa un individu indistinct. «  Savent-ils bien leur Kamasoutra ? » ricana un autre. Un manège de clins d’œil à faire tourner. De l’œil.

 

Le capitaine fit quelques ronds de jambe et déclara à la ronde : « N’est-il pas de bon ton, mon déguisement ? » Rires.

 

J’étais à nouveau troublé. La voix était d’un contreténor, il se déhanchait ostensiblement et sortait à présent de sa poche un flacon de whisky : « Irlandais. Hors d’âge. » fit-elle… ou fit-il , fictif. Ou pas ? Je ne savais plus qu’en penser et commençais vraiment à m’affoler.

 

Au moment où une main souleva mon kilt – par derrière, évidemment – je pris peur et – je le confesse à regret : je pris mes jambes à mon cou (position certes absente du Kamasoutra.)

 

J’étais contrarié, on se fichait de moi. Le capitaine le premier.

 

C’est ainsi que, regagnant mes pénates, l’idée se précisa en moi de renouer – depuis le temps ! – avec Xtra. Lui, au moins, serait bien au-dessus de ces mesquineries libidineuses.

 

Dans ma cave, hâve, je le sollicitais vainement (c’est toujours très aléatoire avec lui), quand il m’apparut enfin, comme en parousie, sur un tas de vieux cageots entreposés là. Chose extrêmement curieuse, cet être invisible, je le sentais irrité contre moi :

 

« Tu en as mis, du temps, pour me retrouver ! »

 

A sa manière, il me « fixait » avec insistance, comme s’il lisait à travers ma chevelure (assez longue à ce moment-là) pour scruter dans mon cerveau tout ce qui me préoccupait l’esprit.

 

Xtra me fit réflexion, comme sous l’effet d’une télépathie, que je n’avais pas quitté mon kilt et qu’effectivement (mais pourquoi s’enquérir de ce détail ?),  je ne portais rien dessous ! Et alors ? Xtra, où m’emmènes-tu ?

 

« Es-tu plutôt pyjama ou liquette ? »me demanda-t-il fort abruptement. Et je perçus aussitôt comme un gloussement. Raillerie ?

 

Cette fois, c’en était trop !

 

Je sortis au jardin, un café à la main et m’installai dans mon hamac, au grand air, décidé à revenir à l’évidence d’une intime et stricte réalité.

 

Un chat qui passait par là se rapprocha de moi et s’assit tout près, à portée de caresse. Il cherchait des yeux mon regard consentant.

 

« Ce monde ! Complètement con ! »

 

Qui de nous deux l’a pensé le premier ?

 

 

 

 

Modifié par Thy Jeanin
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