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La mer (IV)


Frédéric Cogno

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Nos côtes n’ont rien dit. Elles ont laissé faire.

A quoi bon malgré tout s’en prendre à Lucifer ?

Ces infernales eaux, ce fracas bleu-immonde,

Reste le culte noir des icônes facondes,

La mémoire montante aux parois de nos âges

De notre être profond et de ses sabordages,

Des radeaux modelés par les mains du récif,

Des témoins échoués en exode chétif.

Regardez vers là-bas, les brumes consacrées,

Le soleil rutilant vient couvrir l’apaisée.

Elle abjure un long temps sur les rochers placides,

Le règne des orgies aux leucorrhées fétides.

Evanouie, transie, d’une écume abrasive,

Ahurie, ébahie, pleurnichant sur la rive,

Troublée, déboussolée, par l’hypnose des vents,

Ses flots ont revêtus le drapé des gisants.

 

Oh ! ce qui s’est passé…Elle ne s’en souvient.

De nouveau tout sourit dans le calme olympien.

 

Il semble que le vent, révérend moribond,

A laissé une brise enlever sa fanchon.

Un temps flottant dans l’air puis à fleur de rivage,

En foulard de soie rose elle effleure si sage,

Les longs cheveux peignés par le soir plus câlin,

Le front de l’endormie qui se repose enfin.

Parfois un clignement de ses cils alanguis

Friselise la baie lentement rechampie ;

Les âmes des marins feuilletées à l’or rose,

Sont revenues border sans une vague éclose

Le couffin mauve et bleu fait de fines dentelles,

Les rêves soupirant des regrets de patelles

Sur le lutrin de sable enluminé d’amour

Qui efface en moussant tous les péchés du jour.

 

Ainsi nous oublions l’hydre tentaculaire,

La brisure des arcs des niches funéraires,

Ce tourment gigantesque aux tempêtes salaces…

Maintenant elle chante et se voit dans sa glace.

Des milliards de miroirs sous son charme scintillent,

Ses traits toujours tirés poursuivent des vanilles.  

Mon dieu ! quelle est jolie en petite tenue,

La regarder courir, légère et presque nue,

Minaudant de ses pieds des floraisons de rêve

Me fait croire à nouveau en une ultime trêve

Qui bercera mon cœur de retour sur la grève

Très loin de ce mortier où l’on souffre, où l’on crève.

 

Je veux revoir ce ventre et ces écrins d’eau chaude

Qui gardent le secret depuis la première ode

Dans l’antre maternel, dans l’unique synode

Qui donne aux nouveau-nés des yeux bleu-émeraude

Et renaître en son flanc d’une mousse divine,

Grandir auprès des flots avec ses levantines,

Caché sous ses dessous, sa robe à crinoline,

N’être plus que de l’eau pour bénir les matines…

 

 FIN

 

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