Partager Posté(e) 6 mars 2023 « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve » (Héraclite) «…c’est que, faute de savoir ce qui est écrit là-haut, on ne sait ni ce qu’on veut ni ce qu’on fait… » (Diderot) De la mer amniotique* au ruisseau qui serpente Enfançon d’innocence on est vite plongé Dans le grand bain du monde – alors si peu âgé On barbote et s’ébat, béat, loin de la pente Avec le temps se creuse un sol qui se dérobe Sous le pied adolescent qui tend à flotter Il faut se maintenir dans le flux et nager Comme on peut et songer à un crawl des plus probe Mais le ru irrité parfois se fait rivière Et l’on a beau s’efforcer de rester léger Le courant vous emporte au maelström du danger On se débat, on crie, dans la crue froide, on erre La fatigue resserre une nasse assassine On s’envase en la boue, l’orage est sans pitié L’enfance est loin, on tremble, on sait qu’on va couler Il n’y a plus d’espoir – au naufrage on opine Et sur la rive, au sec, regardez-la passer L’œil torve et ténébreux, gourgandine et sévère L’anangkê impassible, atroce tortionnaire Sans un regard sur vous, en train de vous noyer ! * Image empruntée à Yves Paccalet : « L’Océan amniotique », éditorial de Terre sauvage n° 42 11 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
Messages recommandés