La corde sensible

[Marc Hiver]

À force de tirer sur la corde sensible

L'instrument sonne faux et le cœur n'y est plus ;

Quant au corps du délit aussi vrai qu'un pendu

Y a perdu son âme en se trompant de cible.

 

Les épices du monde aux couleurs chatoyantes

Ne relèveront pas malgré leurs sortilèges

Le ressenti saumâtre et le gris par trop grège

Occultant le soleil de ma frêle existence.

 

Que les pommes d'amour et la barbe à papa

Au son d'un limonaire exténuant l'espace

Prennent le temps qu'il faut pour un dernier sabbat.

 

Trois degrés ce matin, un ciel clair et frivole

Titille en moi la fibre où jamais ne se lasse

Un reliquat de voix chantant ses gaudrioles.