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Orbite cervicale


Eathanor

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Étrange flottement entre deux eaux. Des troubles marées viennent lécher mon cortex cérébral. Une humidité salée s’insinue dans les rides de ma matière grise. Mes muses desséchées titubent. Elles se cherchent à tâtons parmi les vapeurs angoissées d’un royaume en décomposition. Mon regard éteint se promène dans le vide. Une foule de bouches en mouvement s’agitent. J’écoute leurs silencieux bavardages. Le paysage ondule, se détache en lambeaux de réalité que je ne puis retenir. Derrière se dévoile un grand rien qui forme un tout schizophrène. Trou noir existentiel vers lequel mon cerveau gravite toujours un peu plus. Mes bras se tendent. Mes mains se déploient pour s’arrimer autour d’un débris de concret, s’ancrer dans la glaise du monde. Las ! L’attraction du champ gravitationnel étire mon être jusqu’au point de rupture. Mes doigts se replient sur la fange de l’humanité. Elle vient se loger sous mes ongles abîmés.

 

Bien que sapée, la digue de ma raison résiste encore aux assauts de ces vagues angoissantes. Jamais régulières, elles frappent indifféremment dans les froideurs de l’aube, le givre matinal, dans les frimas hachés par les timides rayons du soleil, sous les doux éclats pastel précédant la venue de la nuit. Parfois, je me couche sous des draps humides, imprégnés de l’incertitude du lendemain. Quand j’ouvre les yeux, le rideau de la cécité est tiré. Je me résous à écrire une nouvelle morne journée. Marionnette guidée par le flux et reflux de mon anxiété, j’enfile les habits du parfait contemporain. Je conjugue mes sourires en contreplaqué avec mon entourage. Dans les conversations, je laisse dériver des phrases pour revêtir la nudité de mon malaise. Dans le théâtre des subterfuges, je tiens le premier rôle sans jamais baisser la garde. Enfin, quand surviennent les heures indues, dans l’arrière-cour de mes peurs, je nettoie mon visage de ce mascara illusoire et longtemps, je regarde l’orbite de mon cerveau se resserrer autour du trou noir existentiel.

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