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Retrouvailles (2)


Joailes

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Par le plus grand et le plus opportun des hasards, j'ai rencontré, à Montparnasse,  la Comtesse de Bécu* qui sortait de la bijouterie de la rue Décasses, pas loin de la gendarmerie et du musée des Sargasses. 

Quel bonheur de revoir sa vieille carcasse !

Apparemment, c'était réciproque puisqu'elle m'avoua avoir fait pipi dans sa culotte.

Bon ce n'est qu'un détail, j'aurais pu ne pas le mentionner, mais il faut savoir que ça fait partie de sa légende, et qu'un jour j'avais hérité d'une émeraude pour l'emmener dans un petit coin.

C'était peut-être bien là un miracle de Noël ou, diront les terre à terre, une coïncidence, mais qu'importe ?

Le bonheur était si grand ! Comme quand tu vois un vol groupé d'oiseaux solidaires qui rejoignent ensemble la même terre ou des goélands qui crient la misère. 

Nous nous sommes embrassées comme du bon pain, les larmes aux yeux.

Et bras-dessus, bras-dessous nous allâmes nous asseoir à la Brasserie des fous pour rassembler nos souvenirs qui ne cessaient de ressurgir.

De but en blanc et du coq à l'âne, elle me demanda ce que je devenais.

-Ah, je ne deviens pas. Je reste la même, lui répondis-je, tandis qu'elle ajustait sa perruque comme au bon vieux temps avec ses effluves de poudre de riz.

Sa bouche me fascinait, expressive en diable, rouge comme un ciel de soir d'été quand le soleil éclate ses grenades. 

Ses bijoux scintillaient tant que le néon faisait piètre figure et que la pie, y voyant mauvais augure, avait préféré s'en aller.

Elle était belle la Comtesse, à n'en pas douter ; pas très honnête, j'en conviens, mais ses yeux pétillants de malice disaient qu'elle le valait bien.

Nous parlâmes ainsi à bâtons rompus pendant des heures, nous promettant de nous revoir en échangeant nos malles, comme au bon vieux temps.

Son cocher vint la chercher à dix-neuf heures trente et une et à vingt heures quarante, j'étais toujours assise sur la vieille banquette, l'esprit ailleurs.

Je commandai une blanquette, non pas de veau, mais liquide, avec des bulles ; une fameuse de Limoux avec l'étiquette Aimery, ma préférée sans parti-pris. 

C'est un petit vin blanc pétillant qu'on ne boit pas sous la tonnelle mais quand on a les jambes qui chancellent d'émotion comme Jacques au temps du grand échiquier.

Un ami m'avait dit quand tu n'arrives plus à lire l'étiquette fais-toi raccompagner, et rentre chez toi.

Mon fidèle majordome, affublé du prénom Jérôme mit un châle sur mes épaules et eut la grande délicatesse de me porter jusqu'à mon lit.

Mais je n'avais pas sommeil et quand il fut parti, je sortis du placard mes boîtes de souvenance.

Des détails oubliés caressèrent ma mémoire ; je trouvai le fameux billet d'avion, le ticket de la malle poste et mon cœur rouge en plastique.

Quand la réalité s'emmêle au rêve  ou inversement, il reste heureusement des preuves, des petits bouts de papier et de l'or ; oui il est l'or Monsignor …

L'heure d'or de quoi ? D'imaginer encore avec les souvenirs de guingois.

On a tambouriné à la porte.

Qui c'est celui-là, me demandai-je …

(à suivre, l'année prochaine)

(joailes – 30 décembre 2022)

*La Comtesse de Bécu a vraiment vécu :

https://accents-poetiques.com/forums/topic/2597-y-avait-il-un-cur%C3%A9-dans-lavion/#comment-15549


 

Ce fut une des plus longues histoires que j'ai publiées ici, et une suite m'est venue en esprit ce soir, allez savoir pourquoi !

A l'époque, le règlement imposait de mettre les suites des textes dans le même post et c'était un peu contraignant, différent ; c'est amusant de revenir ainsi sur de vieux textes et ça m'a amusé de voir si j'étais aussi déjantée aujourd'hui pour écrire une suite ! Ou plus, ou moins …

Ma dernière plume errante de 2022 … Bonnes fêtes de fin d'année !

Comme on dit chez nous, en Provence : « Bon bou d'an e a l'an qué ven.Diéu nous fague la graci de vèire l'an que vène, e se noun sian pas mai, que noun fuguen pas mens » !

Traduction : Bonne fin d'année et à l'an qui vient. Dieu nous fasse la grâce de voir l'an qui vient, et que si nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins !

 

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