Partager Posté(e) 26 décembre 2022 Il arrive que mon petit chemin de terre devienne chemin de ronde alors, modeste, je ne pense plus, je veille la main du vent secouait le monde furieux comme dés en paume habitué à ne m’en soucier guère, je dérivais, tenant des deux mains les extrémités d’une écharpe arc en ciel ainsi fagoté, il n’est pas rare que je lévite, porté par une rafale ascensionnelle un peu plus haut, encore plus haut, je vois, là-bas, les premières montagnes grises et redondantes éminences mais c’est un massif de nuages, épais, déchiqueté, dense et bleuâtre que fait luire le phare d’or du soleil en train de se noyer dans le saphir profond j’écarquille les yeux et tends l’oreille, sans intention précise, et je vois une rangée de chaises blanches installée là, à flanc de cime nimbée quatre, cinq, six, une septième, désordonnées, éparpillées, et j’entends - mais oui, depuis le début de ma promenade, bien sûr ! c’est Anton qui m’accompagne, la ligne sinueuse d’une symphonie enchante mon temps c’est lui, je le vois là-haut, il dirige l’orchestre, les fauteuils sont occupés, mais on ne voit que des silhouettes floues, transparentes figures qui croisent les jambes, tiennent, méditatives, leur menton dans la main, je ne les reconnais pas, pourtant je les connais mais il n’y a que ces six, la septième place est restée vide, à tout le moins, il me semble le temps glisse de cuivres en violoncelles, le vent chante, le rideau de la nuit, je le sais, va tomber pulsent les lumières une dernière fois, ô finale glorieux et extatique, la musique est plus forte que l’orage, que le vent, elle baigne le monde, baptise les cœurs mais ne peut rien contre le néant à l’instant d’applaudir, la septième place a brillé d’une présence à peine décelable et j’ai l’impression fugace que son occupant m’a fait face, m’a fait signe puis les chaises furent vides, se dissipèrent dans la brume et tout se tut. 5 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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