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[Chronique littéraire] L'homme fatal


Joailes

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Lors d'une participation à un jury de lecture, j'ai rencontré Irène Frain.

Il se dégage d'elle une aura, comment dire, une sorte de bienveillance et de bonté.

Je l'ai trouvée touchante.

Je n'avais lu d'elle que « Quand les bretons peuplaient les mers » un livre plein de savoureuses légendes bretonnes.

Agrégée de lettres classiques, Irène Frain, 70 ans, s'est imposée dans le monde de la littérature avec près de 40 romans et un succès populaire jamais démenti.

Elevée dans une famille marquée par la pauvreté, un de ses livres « Un crime sans importance » (2020) est consacré à sa sœur aînée, assassinée dans son pavillon de banlieue en 2018. (Prix Interallié)

 

Dans une boîte à livres, il y a quelques jours, je tombe sur « L'homme fatal » (paru en 1995 chez Fayard) et l'emporte sous mon bras, comme un trésor ; je m'y plonge deux jours durant, sans pouvoir m'en dépêtrer.

 

Je viens de poser -à regret-ce roman.

Je dois dire qu'au début, il m'a un peu ennuyée, j'avais l'impression qu'il ne se passait pas grand chose.

Puis j'ai senti qu'une trame se tissait autour de moi et j'ai su, dès lors, que j'irai jusqu'au bout.

C'est une addiction sournoise : une atmosphère étrange s'en dégage et m'a emprisonnée au fil de ma lecture ; les chapitres sont assez courts, le mystère reste entier jusqu'à la fin.

Qui est réellement la victime, qui est le bourreau .. ?

On avance dans ce « pavé » de 378 pages en imaginant des choses qui n'arrivent pas et bien loin d'imaginer ce qui arrive.

 

En voici le résumé :

 

Il s'appelle Steiner, il investit un soir la vie de la belle quadragénaire Juliet Osborne, il se prétend psychiatre, mais c'est un collectionneur de femmes.

De détresses féminines, plutôt, de dépression nerveuses et de suicides féminins.

Un tueur en série, en somme, mais d'un type très particulier puisque l'arme du crime se trouve dans l'esprit même de ses victimes.

Chez cet homme rompu à la psychologie des abîmes, l'instrument de torture, ce sont tous les fantasmes qu'il a l'art de susciter chez les femmes.

Il en joue avec une maîtrise consommée jusqu'au moment où, d'elles-mêmes, elles sombrent ou décident de se perdre.

Cet avatar de Don Juan s'attaque toujours aux mêmes femmes: épanouies en apparence, mais fragilisées par le mythe de l'éternelle jeunesse.

Avec la passion, c'est la peur qui de jour en jour envahit la vie de Juliet Osborne à mesure qu'elle s'acharne à cette extraordinaire et impitoyable partie d'échecs entre homme et femme.

Mais il n'est peut-être pas seul, Steiner, à tirer les ficelles dans l'immense appartement à mezzanine où il attire ses proies.

Tout y est pourtant en apparence si banal.

La terreur naît d'un mot anodin, d'un simple objet.

Du quotidien.

En définitive, c'est la vie qui est le plus effrayant des romans...

 

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