Mon cœur vous ajourne, Vieillesse,
Par droit huissier de parlement,
Devant Raison qui est maîtresse,
Et juge de vrai jugement.
Depuis que le gouvernement
Avez eu de lui et de moi,
Vous nous avez, par tyrannie,
Mis sous le joug de Mélancolie
Sans savoir la cause pourquoi.
Auparavant nous tenait Jeunesse
Et nourrissait si tendrement,
En plaisir, confort et liesse
Et tout joyeux divertissement ;
Or vous faites tout autrement.
Ce vous est honte, sur ma foi,
Car en douleur et maladie
Nous faites user notre vie,
Sans savoir la cause pourquoi.
De quoi vous sert cette détresse
À donner sans allègement ?
Croyez-vous pour telle rudesse
Avoir honneur aucunement ?
Nenni, certes, car vraiment
Chacun vous montrera du doigt,
Disant : la vieille rassotie
Tient tous maux en sa compagnie.
Sans savoir la cause pourquoi.
ENVOI AU PRINCE
Ce saint Martin présentement,
Qu'avocatsfont commencement
De plaider les faits de la loi,
Prenez bon conseil, je vous prie,
Ne faites ni débat ni partie,
Sans savoir la cause pourquoi.
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