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Le cochon et la fille du fermier (fable)


Marc Hiver

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Attention : cette fable n'est pas écrite à la gloire de la zoophilie !


Jadis un porc se lamentait :
Je suis si maigre, disait-il,
Bien plus maigre qu'un cochonnet.
Heureux qui rond comme un baril.

Les autres arrivent à peine
Qu'ils en profitent à loisir.
Moi, je dévore à perdre haleine,
Pourtant je me vois dépérir.

Les copains, quand ils ont grossi,
On brosse leurs soies avec soin,
On les emporte très loin d'ici.
Mais moi, je ne sortirai point.

La fille du fermier pleurait :
Je suis grosse comme une truie,
Jamais je ne me marierai.
Mortel ravi qui a maigri.

Si deux malheurs toujours s'assemblent,
Cela fut vrai pour ces deux êtres.
Elle confiait au porc : je tremble
Que maints garçons me laissent paître.

Un matin, enfin, elle lui dit :
Cochon chéri, pour l'embonpoint
Reçois la graisse de ta mie,
Toi qui en as si grand besoin.

De joie il en salit sa couche
Et le transfert advint bientôt
Par un long baiser de la bouche
Sur le groin crasseux du pourceau.

La fille devint svelte et belle,
Le cochon gras comme un pacha.
Le curé portant son missel
Bénissait cette hyménée-là.

Alors l'amoureux ne cessa
De s'épaissir si bien qu'un jour
Un charcutier vint, le tua,
Lui qui n'aspirait qu'à l'amour.

Moralité :
Porc, même si tu es un homme,
Fais gaffe aux élans de ton coeur,
Car manger un boudin aux pommes
Revient à croquer du malheur.

 

 

Modifié par Marc Hiver
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