Partager Posté(e) 15 avril 2019 (modifié) (Lithographie de l'éruption du Krakatoa en 1883 datant de 1888.) Krakatoa, entre Java et Sumatra Je m'étais allongé, La tête relevée Par un coussin rembourré de kapok Pour un tête à tête au paddock. C'est à califourchon qu'elle fixa nos désirs, Directe et sans un repentir. La question plomberie réglée, — L'un à l'autre arrimés — Nous avons appareillé. Était-ce le coussin rembourré de kapok, Mais tantôt nous nous évadâmes Hors de ce pauvre lit sans âme Au matelas trop dur, au sommier bien mastoc. Elle sur moi, moi sur la canopée, Elle et moi au faîte d'un kapokier Plus haut que notre rêve à deux Survolant quelque à-pic rocheux. Il advint que je bafouillasse des mots d'amour, Il arriva qu'elle bredouillât alentour De nos gestes ambigus Et dans un charmant tête à cul. Nous blaguions aussi, Faisant fi D'une précaution oratoire Qui eût de nos deux sexes éradiqué la gloire, Quoique nus et sans grand équipage, Mais transportés à l'acmé de notre âge. Le kapokier nous entraîna Sur la Mer de Java Entre Bornéo et Sumatra, Leurs longues chaînes montagneuses Dominant nos îles amoureuses. Alors l'association des mots et des couleurs, Des parfums et des rythmes, de notre folle ardeur, Invita au hasard d'un propice mouillage À franchir les bornes d'un si tendre équipage. J'écarquillais les yeux pour raviver Un bestiaire intérieur, sauvage et indompté. J'en oubliais souvent que j'étais peu grimpeur, peu nageur, Mais parfois venimeux, pas vraiment migrateur. Parfois aussi, la langue au bord de l’aphasie, Sans proférer, ne serait-ce qu'un cri, Nous glissions sur des plaques de silence verglaçantes, Le regard suspendu, le désir en attente. Et puis des vents violents Redonnaient du cœur, de l'allant Aux instruments de bord De notre corps à corps. Quand nous atterrîmes sur ce bien pauvre lit, Mais nouvelle frontière d'un voyage enrichi Par des souvenirs vifs, des caresses déliées, Nous nous sommes une fois encore embrassés. Plus tard, elle remit sa culotte, Et moi, je renfilai mon slip. Nous nous donnâmes rendez-vous Sans attendre pour un nouvel abouchement, Dernière strophe hypertrophiée D'un poème où nos vers et nos corps prendraient pied, Sans rime ni raison ! Modifié 17 avril 2019 par Eathanor Ajout du crédit de l'image Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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