Partager Posté(e) 13 septembre 2022 (modifié) Premier acte Décor : un chien couché sur le côté d'une mappemonde Je suis vieux et fatigué, ma truffe est sèche et terreuse et mon dos me fait mal ; ne pleure pas, je t'en supplie, tu sais chacun se fait la malle quand c'est minuit à la grande pendule du temps imparti, mon amie tu as fait de ma vie un beau voyage, une course effrénée sur des rivages de sel tu aimes tant l'océan qui t'invite dans sa mélancolie où tes oiseaux ont fait leur nid ; j'ai connu le sable, le galet et la faune sauvage, sous mes pattes sont gravées tes semelles et qu'importe là où j'irai, j'entendrai ta voix qui m'appelle comme le chant d'une lyre, unique, j'entendrai les genêts musique où tes cheveux s'emmêlaient quand brûlaient les étés ! Il était parfait, cet imparfait. Ne perds pas nos rires , cette lumière dans nos yeux, n'oublie pas la caresse de nos pelages soyeux ; pardon pour cette détresse que soudain je te laisse toi qui ne m'en as jamais mis Je me souviens, c'est toi qui m'a appris à ponctuer ! Je n'en ai pas abusé, j'ai fait durer les guillemets, les grandes parenthèses, les millions de virgules … et puis voici le point final. Mes paupières clignent un peu je vois mon os à moelle dans la corbeille usée, je sais qu'il te fera mal j'aurais dû l'enterrer la force m'a manqué je vois un peu flou mais ton visage penché m'est pourtant si doux je n'ai plus de ponctuation pardon Je respire une dernière fois ton parfum solaire ma queue remue faiblement et je lèche ta main pour que tu me pardonnes ton chagrin je n'ai rien pu faire pour te l'éviter je resterai ton Bobby et je léviterai toujours dans ton esprit tu veux bien ? Je l'ai gardé pour la fin celui-là, le fameux interrogatif : pourquoi ? Je t'aime je reste avec toi Deuxième acte … / … (sanglot) décor : fête dans une forêt automnale Ce soir faisons la fête mon ami de toujours, garde tes yeux ouverts encore un peu voici des allumettes tout le monde est venu te dire au-revoir ; on ne va pas tout te dire en un soir mais la seconde compte nos yeux sont des miroirs les souris font des claquettes le vent joue de la guitare et caresse encore ta tête mon bon vieux poilu c'est beau de partir sans le tambour les chats jouent de la trompette Vois … ton collier d'émeraude vient de tomber dans le décor on jouera à le chercher demain si demain il y a et on rira encore … Bobby … tu dors ? Je t'ai menti. Je vais pleurer. … / … Troisième acte décor : sortie de cabaret Il m'est resté deux points virgules. Je suis sortie du cabaret, perplexe, perdant deux accents circonflexe, et par réflexe, je me suis mise à pleurer. Il fallait rentrer à la niche, le Paris-Nice était annoncé. Sur le quai de la gare, tu as aboyé et j'ai grogné. On n'ira plus voir des pièces aussi tristes. Quatrième acte décor : au choix On s'est fait piquer entre Dijon et Avignon, ils nous ont traités de tous les noms, tout ça parce qu'on n'avait pas de billet pourtant la moutarde de Dijon ne montait plus au nez, depuis un bon moment et sur le pont il fallait payer pour aller danser. Ça devenait de moins en moins drôle. On s'en foutait ce n'était pas notre rôle de dénoncer. On voulait juste aller chercher nos baballes la truffe au vent sans rien demander. Le docteur , contrôleur, psychiatre, vétérinaire a sorti sa fiole aux reflets prometteurs : "tant qu'à mourir, voulez-vous rester ensemble ?" la question qui tue ! ô oui, la même piqûre, bien sûr On s'est regardés, on s'est souri des yeux et puis on s'est endormis, heureux. Les chats n'étaient pas là et les souris dansaient mais qu'est-ce qu'on s'en foutait ! Peut-être, et si tout se passe bien, y aura-t-il une suite ? Tout dépend du voyage intergalactique … … le train décolle et on ne sait pas encore si on est morts. Pour l'instant, tout va bien. On est ensemble sur les rails et ce qui nous fait trembler, c'est l'amour celui des chiens dans les trains le train-train quotidien qui dure toujours (joailes – 13 septembre 2022) Modifié 13 septembre 2022 par Joailes 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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