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Midi l'acédie, minuit l'heure du crime


Thy Jeanin

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     Chaque jour, la matinée est si grasse qu'à peine assise, elle ne peut plus se lever. Alors le temps fond doucement et je loupe chaque fois l'occasion de faire un peu d'exercice, cela commence à me peser.

     Vient midi. L'heure terrible de l'ennui. Qu'en dire? on l'a assez dit, c'est l'acédie. Pourtant, je n'ai pas l'âme d'un moine. Celle d'un moineau, peut-être, mais j'ai perdu mes ailes. Impossible de m'envoler. Mon ciel est une grande steppe grise, la Terre un désert universel qui s'arrête brutalement aux quatre poteaux d'un horizon trop rapproché. Même la mer ne m'amuse pas, d'ailleurs, elle est à marée si basse que même en me baissant, j'ai peine à m'y ramasser. Sorte de trou tout noir; ni appétence, ni ardeur, ni efficience. Rien de rien au royaume du néant. Être est une bure qui vous burine l'âme jusqu'à la trame cousue de fil blanc. En quelque sorte, un in pace où s'échouer, impassible et vain. Péri. Même pas hanté d'un quelconque démon, même de midi. On en vient à se demander si l'on existe pour de vrai. Silence radio, fin des émissions. Si quelqu'un passait, il découvrirait où je suis planté, une statue de sel. Il n'aurait qu'à souffler, tout tomberait en poussière. Je ne rumine même pas et pour un contemplatif, c'est vache!

     Mais le temps est un farceur. Il a l'air de ne plus bouger, le soleil est figé et pourtant tout à coup, le vent se lève, la mer remonte au pas de course, le désastre s'éclipse et l'on s'aperçoit qu'on respire à nouveau, à l'orée de la sereine. Je me détends d'abord, puis quelque chose me creuse, me hante. Ça s'appelle la vie, plus un doute. Elle n'est pas éteinte, étoile noyée dans le sac de l'azur, la voilà qui se dilate et ondoie.

     Et le soir tombe: même pas mal! C'est un flux violent d'appétits, une tension vers l'urgence, une faim à gober le monde, une énergie de dernière heure. Il est minuit. J'ai les crocs qui poussent et le syndrome des paumes qui caressent toutes seules. Sapristi! Que faire au seuil de cette nouvelle nuit? Alors je me précipite comme une formule d'alchimiste, au hasard de rencontres noctambules et je crois bien que dans les rues les plus obscures, il m'arrive d'ululer, hurluberlu ubuïste éberlué!

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